Cet article date de plus de cinq ans.

En Zambie, l'homosexualité reste sévèrement réprimée par la loi

Les pressions de la communauté internationale n'ont pas réussi à faire bouger d'un iota la politique répressive de la Zambie envers les homosexuels. Deux hommes se ont été récemment déclarés coupables «d'actes non naturels» par un juge, au nord du pays. Tous deux encourent une peine de prison de 14 ans, dans un contexte de plus en plus homophobe dénoncé par les militants des droits humains.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Edgar Lungu, chef de l'Etat zambien. (VLADIMIR ASTAPKOVICH / SPUTNIK)

L'homosexualité est illégale dans la plupart des pays africains. En Zambie, le procès de deux hommes, âgés de 30 et 38 ans, le 3 août 2018, a ravivé les craintes d'une croissance de l'homophobie présente dans le pays. Les deux accusés, qui attendent le verdict final, encourent 14 ans de prison. Ils ont été reconnus coupables d'actes «non naturels», le 3 août 2018, par le tribunal de Kapiri Mposhi, une localité située à 210 kilomètres au nord de la capitale Lusaka. Le juge Ackson Mumb a déclaré qu'il s'était basé sur des «témoignages et preuves irréfutables fournies par l'Etat». Leur arrestation remonte à août 2017, après qu'ils ont été dénoncés par l'employée d'un hôtel affirmant les avoir vus derrière une fenêtre avoir une relation sexuelle. 

Un autre procès avait fait grand bruit en mai 2013, celui d'un couple d'hommes âgés de 20 et 21 ans inculpés pour «sodomie» et «acte sexuel contre-nature», d'après les déclarations du chef de la police de Kapiri Mposhi. Ils avaient été arrêtés sur dénonciation de la famille de l'un deux hommes.

Le discours inflexible du président Edgar Lungu
La même année, Paul Kasonkomona, militant homosexuel, qui avait défendu le mariage gay à la télévision, a  été lui aussi poursuivi avant d'être acquitté. Andrew Ntewewe, président de l'ONG Young African Leaders Initiative (Initiative des jeunes leaders africains), dénonçait déjà, à l'époque, une hostilité croissante à l’égard des homosexuels. Il s'agissait cependant des deux premiers procès de l'histoire récente du pays.

L'actuel président Edgar Lungu, alors ministre des Affaires intérieures, avait déclaré à des journalistes: «Ceux qui défendent les droits des gays devraient aller en enfer, ce n'est pas une question que nous tolèrerons». «Il n'y aura pas de discussions sur les droits des gays. Ce problème est étranger à notre pays».

Atteinte aux valeurs chrétiennes
Soutenu par les organisations chrétiennes, Edgar Lungu est resté inflexible aux pressions internationales des principaux pays donateurs de la Zambie et a maintenu des lois qui prohibent non pas explicitement les relations homosexuelles, mais toute «relation charnelle contre l'ordre naturel». Le code pénal punit la sodomie, bannie depuis la colonisation britannique (1924-1964), jusqu'à quinze ans de prison. 

En 2017, la Fédération zambienne de football (FAZ) avait relancé le débat sur l'homosexualité en proposant de bannir toute discrimination envers les gays et les lesbiennes. L'Eglise locale avait alors crié à une atteinte aux valeurs chrétiennes défendues par la Constitution.

L'homosexualité est illégale dans plus d'une trentaine de pays du continent africain. En Mauritanie, au Soudan et dans certaines provinces du Nigeria ou de Somalie, les homosexuels encourent même la peine capitale.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.