Tunisie : reprise du pèlerinage juif à Djerba après deux ans d'interruption
La Tunisie comptait avant l'indépendance en 1956 plus de 100 000 juifs, une communauté tombée à environ un millier de membres.
Des centaines de pèlerins juifs ont afflué, mercredi 18 mai, à la synagogue de la Ghriba, sur l'île de Djerba, pour un événement phare de la saison touristique en Tunisie, après deux ans d'interruption en raison de l'épidémie de Covid-19. Les premiers visiteurs sont arrivés dans la matinée et ont franchi des portiques de sécurité sous forte garde policière dans ce lieu frappé il y a 20 ans par un attentat suicide ayant fait 21 morts. Ils seraient près de 4 000 pèlerins en provenance d'une quinzaine de pays, selon la presse tunisienne.
Plus vieille synagogue d'Afrique
A l'intérieur de la synagogue la plus vieille d'Afrique, les pèlerins allument des bougies avant d'entrer dans une petite grotte où se trouverait, selon la tradition, une pierre du premier temple de Jérusalem. Ensuite, ils échangent des fruits secs et confiseries autour d'une prière prononcée par le rabbin de la synagogue. La tradition veut que les pèlerins écrivent sur un œuf leurs souhaits, mais aussi le nom de jeunes filles à marier, qu'ils déposent dans une niche dérobée aux regards et dans laquelle brûlent des bougies. A la fin du pèlerinage, ils reviendront pour retirer ces œufs, qui auront entre-temps cuit à la chaleur des bougies et dans l’atmosphère confinée de la niche.
Pèlerinage
Beaucoup de pèlerins immortalisent avec des photos et des vidéos leur visite dans cette synagogue aux colonnes peintes en blanc et bleu, dont la construction remonterait au VIe siècle avant J.-C. Le pèlerinage de la Ghriba rassemblait certaines années jusqu'à 8 000 personnes sur deux jours dans cette synagogue, l'une des plus anciennes et des plus importantes pour les juifs originaires d'Afrique du Nord. "Mon père est djerbien et c'était pour lui très important. J'ai gardé ce souvenir, je venais quand j'étais jeune", raconte à l'AFP Solange Azzouz, 75 ans, née à Tunis et qui vit depuis 58 ans à Marseille.
Procession
La Tunisie comptait avant l'indépendance en 1956 plus de 100 000 juifs, une communauté tombée à environ un millier de membres. En habit de fête avec sa chemise de soie et son collier de perles, Solange Azzouz attend à l'extérieur sous un soleil brûlant. "En vieillissant, je commence à apprécier le pèlerinage, l'ambiance. J'ai même un peu de famille ici", confie la septuagénaire pour laquelle cet événement est "un porte-bonheur". Le pèlerinage consiste aussi à suivre en procession une grande menorah, le candélabre juif, montée sur trois roues et décorée par des tissus colorés.
Né au Maroc, Adi Wizman Nicodeme, 74 ans, vient pour la première fois à l'invitation d'un ami. Citoyen israélien vivant à Paris, il est venu pour "connaître l'endroit" et au nom de sa foi. "Tous mes amis m'en ont parlé ainsi que mes élèves", confie ce professeur de judaïsme et d'hébreu. "Je sens quelque chose, c'est très fort pour moi", ajoute-t-il.
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