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Tunisie. "J'espère que l'assassinat de Chokri Belaïd va réveiller les consciences"

La blogueuse tunisienne Sarah Ben Hamadi, présente dans les manifestations à Tunis, évoque le climat sur place, entre tristesse et colère.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Un Tunisien brandit la photo de Chokri Belaïd, l'opposant politique assassiné, lors d'une manifestation sur l'avenue Bourguiba de Tunis (Tunisie), le 6 février 2013. (FETHI BELAID / AFP)

La blogueuse et journaliste tunisienne Sarah Ben Hamadi exprime ses positions politiques sur son blog, mais aussi dans les manifestations. La jeune femme appartient à cette génération de cybermilitants qui ont commenté sur la toile la révolution de janvier 2011 en Tunisie. Après l'assassinat de l’opposant politique Chokri Belaïd, mercredi 6 février à Tunis, elle est descendue à nouveau dans la rue. Elle a accepté de répondre aux questions de francetv info.

Vous étiez mercredi à la manifestation devant le ministère de l'Intérieur sur l’avenue Bourguiba, à Tunis. Comment avez-vous vécu cette journée ?

Je me suis réveillée le matin en apprenant l'assassinat de Chokri Belaïd. Le choc a vite laissé place à la fureur. J'ai décidé de manifester pour dénoncer cet acte lâche et odieux. Dans la rue, j'ai senti beaucoup de tristesse et de colère. Comment a-t-on pu en arriver là ?

J'ai vu les violences au moment de la dispersion de la foule. La police a chargé le cortège qui accompagnait l'ambulance de Chokri Belaïd. Des manifestants ont répondu avec des jets de pierre. Je me suis cachée dans un bâtiment en face du ministère de l'Intérieur pour éviter les gaz lacrymogènes. J'ai dû attendre une vingtaine de minutes avant de rentrer chez moi.

Qui est responsable selon vous ?

Je ne peux pas désigner de coupable. Mais pour beaucoup, Ennahda [le parti islamiste au pouvoir] est tenu pour responsable. Ils ont justifié la violence politique. Les appels à la haine pendant leurs meetings ne sont jamais condamnés.

Autre exemple, leur bureau politique a récemment réclamé la libération des responsables du lynchage de Lotfi Nagued [expliqué dans cet article par Jeune Afrique], un leader politique de Tataouine.

Comment envisagez-vous la situation pour les jours à venir ?

C'est assez flou. Hier soir, le Premier ministre, Hamadi Jebali, a annoncé la formation d'un nouveau gouvernement et ce matin, Ennahda a refusé cette solution. On ne connaît pas la suite, apparemment le Premier ministre n'aurait pas le droit de dissoudre le gouvernement selon la Constitution.

Différents scénarios restent possibles, notamment le retour de la violence. Il y a en ce moment une manifestation sur l’avenue Bourguiba. J'espère que l'assassinat de Chokri Belaïd va permettre de réveiller les consciences. Il faut s'unir et combattre pour trouver le chemin vers une vraie démocratie.

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