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Tunisie: Belhassen Trabelsi, beau-frère "quasi-mafieux" de l'ancien dictateur Ben Ali, arrêté en France

Tunis demande à Paris l'extradition de Belhassen Trabelsi, beau-frère de l'ex-président Zine el Abidine Ben Ali, à la suite de son arrestation dans le sud de la  France après des années de cavale, a indiqué le 17 mars 2019 le ministère tunisien de la Justice. Pour l'instant, les autorités françaises n'ont pas réagi. Reste à savoir s'il sera effectivement extradé.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Belhassen Trabelsi, beau-frère de l'ancien dictateur tunisien Zine el Abidine Ben Ali, posant dans son bureau à Tunis en septembre 2010.  (FETHI BELAID / AFP)

L'arrestation n'a pas été confirmée de source officielle française. Interrogée par l'AFP, une source proche de l'enquête en France a toutefois affirmé que Belhassen Trabelsi, homme d'affaires incontournable sous le régime Ben Ali et dont le sort était inconnu, avait été interpellé le 14 mars dans le sud de l'Hexagone.

Selon l'une des sources interrogées, le frère de l'ex-Première dame Leila Trabelsi a été arrêté dans le cadre d'une affaire financière menée par la juridiction inter-régionale spécialisée de Marseille. Il aurait ensuite été placé en détention.

Dans un communiqué transmis à l'AFP, le ministère tunisien de la Justice a de son côté précisé avoir été alerté, par le bureau d'Interpol de Tunis, de l'arrestation en France de Belhassen Trabelsi, poursuivi par la justice tunisienne dans plusieurs affaires de corruption. Le même ministère ajoute avoir demandé son extradition dès le lendemain de son interpellation. Il rappelle que Belhassen Trabelsi fait l'objet "de 17 mandats de recherche en Tunisie et 43 mandats d'amener internationaux", par le biais du ministère tunisien des Affaires étrangères. 

Sollicitées par l'AFP, les autorités françaises n'ont pas donné suite jusqu'à présent aux demandes d'information de l'agence de presse.

La demande tunisienne d'extradition peut-elle aboutir ?

Selon Jeune Afrique, la demande d'extradition aurait "peu de chances" d'aboutir. En tout état de cause, explique un avocat tunisien cité par l'hebdomadaire, "les procédures seront longues puisqu’il faut d’abord que Belhassen Trabelsi réponde devant les tribunaux français des faits qui lui sont reprochés" dans l'Hexagone. "Il ne sera extradable qu’une fois ce dossier définitivement classé." 

Pour le site Le Courrier de l'Atlas, "dans les faits, une extradition s'avère compliquée, avec très peu de chances d'aboutir".  Motif: La "France extrade très rarement des suspects vers le Maghreb. (...) Il resterait en outre toutes sortes de recours devant la Cour européenne des droits de l'homme, potentiellement longs de plusieurs années de procédure, et où la défense de l’intéressé peut invoquer la question complexe mais néanmoins défendable du risque du procès inéquitable" dans un pays jugé instable.

Les sources varient sur les circonstances de son arrestation

Selon le site tunisien businessnews.comBelhassen Trabelsi, qui venait apparemment de Suisse, a été arrêté par la police française aux frontières. Celle-ci doutait en effet "de l'authenticité des pièces d'identité en sa possession". "Avec de faux-papiers, il pouvait choisir un pays moins regardant et moins outillé en matière de détection de documents, mais il a préféré, pour on ne sait quelle raison, choisir la France, à la pointe des technologies pour détecter les faux-papiers parmi les vrais...", précise businessnews.

Selon un autre site tunisien, kapitalis.com, l'arrestation aurait eu lieu "dans une villa à Villeneuve-Loubet près de Nice, dans les Alpes-Maritimes, où il se serait installé comme avocat depuis un an". Il serait interrogé par la police de Marseille "dans le cadre d'une instruction concernant une grosse affaire de blanchiment d'argent". La police serait "remontée à lui en interrogeant d'autres détenus pour d'autres affaires".

Symbole de l'affairisme du temps de la dictature

Symbole de l'affairisme de l'entourage de l'ancien dictateur, Belhassen Trabelsi avait été qualifié de "quasi-mafieux" par un câble diplomatique américain révélé par WikiLeaks. Son parcours depuis la révolution de janvier 2011 est rocambolesque.

Quelques heures avant la chute de Ben Ali, le 14 janvier 2011, il avait trouvé refuge avec sa famille au Canada en fuyant la Tunisie à bord de son yacht. Le bateau avait ensuite été saisi. En mai de l'année suivante, il avait perdu son statut de résident permanent au Canada. Mais il avait demandé l'asile politique, disant craindre pour sa vie en Tunisie, ce qui avait repoussé toute possibilité d'extradition.

Alors qu'il avait été débouté à deux reprises de cette demande, en 2015 et 2016, et se trouvait sur le point d'être expulsé, Ottawa avait toutefois perdu sa trace. Une source judiciaire canadienne avait alors indiqué qu'il était "introuvable".

Pendant son passage à la tête du pays (1987-2011), la famille de Zine el Abidine Ben Ali et de son épouse Leila Trabelsi ont mis la Tunisie en coupe réglée. Ce clan avait fait main basse sur des pans entiers de l'économie durant les deux décennies qu'il a passé au pouvoir.

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