Cet article date de plus d'onze ans.
Au Club Med de Djerba, la crise, connais pas! Ou à peine...
L’activité touristique, un des piliers économiques de la Tunisie, pâtit de la situation politique et sociale. Au village du Club Med, à Djerba, on reconnaît une «petite dégradation» liée à l’image du pays dans le monde. Mais aussi à la crise en Europe. Reportage.
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Temps de lecture : 5min
De notre envoyé spécial en Tunisie, Laurent Ribadeau Dumas
Contrairement à la France, le soleil est au rendez-vous en Tunisie et le ciel y est d’un bleu azur tirant sur le blanc. Ce 10 juin, à 13h30 il fait un peu moins chaud que d’habitude à l’aéroport de Djerba: 26° à l’ombre, tout de même…
Pourtant, le capital soleil ne suffit pas. Plusieurs tours-opérateurs français le reconnaissent sans ambages: le tourisme n’y est pas au mieux de sa forme. Chez Fram, on admet ainsi une baisse d’activité de près des deux tiers depuis le renversement de l’ex-président Ben Ali, le 14 janvier 2011: de 100.000 clients en 2010 à 37.000 aujourd’hui… «La Tunisie a une image qui lui colle à la peau, alors que cette image n’a rien à voir avec la réalité», explique-t-on au service de presse du voyagiste.
«Au vu de ce qui se passe, les touristes étrangers ont tendance à éviter l’Egypte et la Tunisie. Ils choisissent d’abord le Maroc et la Turquie», explique Youssef Sabri, 18 ans de Club Med, chef du village de «Djerba la Douce». Il reconnaît une «petite dégradation de 5%» sur la saison d’hiver (qui se termine au 30 avril). Mais pour juillet-août 2013, le carnet de commande est plein.
Pour autant, le voyagiste a dû retarder au 23 juin l’ouverture de son village d’Hammamet. Et fermer deux villages ces dernières années. Résultat: il n’a plus que deux implantations en Tunisie. «Les autres auraient dû fermer de toute façon. Cette décision est liée à la stratégie de notre entreprise», assure Dick Nouira, directeur opérations zone Afrique.
Car l’activité doit aussi s’adapter à la crise qui frappe l’Europe, d’où vient la majorité de la clientèle. «Les Européens partent moins. Nous sommes ainsi amenés à faire des forfaits plus courts, notamment de quatre jours contre une semaine auparavant. Nous sommes aussi confrontés au phénomène du last minute, les réservations de dernière minute», précise Youssef Sabri.
Face à cette conjoncture, son entreprise, qui entend «monter en gamme», dit ne pas avoir «cassé les prix», contrairement, assure-t-il, à certains de ses petits camarades, et néanmoins concurrents. Certains d’entre eux proposeraient ainsi des forfaits d’une semaine «à 250 euros, avion compris», là où le Club Med fait payer «700 euros, vol non compris».
Enclave paradisiaque
Pour l’instant, la contraction de son activité resterait donc limitée. A Djerba, celle-ci le serait d’autant moins que l’île, dont les 130.000 habitants vivent à 80% du tourisme, ne serait pas touchée par les troubles politiques, aux dires des responsables du Club et de certains habitants. «On est loin de ce qui se passe dans le nord du pays. Ici, les gens font tout pour protéger le tourisme», constate Youssef Sabri. De son côté, le village mène des actions auprès de la population pour renforcer son implantation. Il dispense ainsi chaque semaine des cours de sport aux enfants des localités alentours, offre des dons…
«Djerba la Douce» reste ainsi une enclave paradisiaque d’une trentaine d’hectares, installée au milieu des palmiers, des eucalyptus et des lauriers roses, le long d’une plage de 1200 mètres au bord de la Méditerranée. Son responsable, en poste depuis huit mois après deux ans de Brésil, y circule en short, le tutoiement facile, au milieu des clients (pardon des GM, les gentils membres), serrant la main aux messieurs, claquant la bise aux dames. Tel GM va au hammam, un autre revient d’une matinée de voile… Tandis que de nombreux autres font la sieste sur un transat à l’ombre, à quelques mètres de la mer.
Un GO (gentil organisateur), un animateur, dit en riant à Youssef qu’il va «quand même aller prendre son service»... Le village compte 104 GO, 126 GE (gentils employés) et une soixantaine de prestataires, notamment pour la sécurité. 60% des salariés sont tunisiens.
Y a-t-il des problèmes sociaux avec le personnel, comme cela se produit assez souvent ces temps-ci en Tunisie ? Pas à la connaissance du chef de village. «Le syndicat UGTT est bien évidemment implanté chez nous. Lui aussi a une action positive: il est d’abord intéressé par la poursuite de l’activité».
Y a-t-il des problèmes avec des salafistes ? «Aucun !», répond Youssef Sabri sans hésiter. Pour autant, «ici aussi, on trouve des salafistes», raconte un habitant rencontré par hasard dans la rue. «Ils font comme tout le monde: ils travaillent dans le tourisme, tiennent des petites boutiques», ajoute le même sans plus de précision.
Contrairement à la France, le soleil est au rendez-vous en Tunisie et le ciel y est d’un bleu azur tirant sur le blanc. Ce 10 juin, à 13h30 il fait un peu moins chaud que d’habitude à l’aéroport de Djerba: 26° à l’ombre, tout de même…
Pourtant, le capital soleil ne suffit pas. Plusieurs tours-opérateurs français le reconnaissent sans ambages: le tourisme n’y est pas au mieux de sa forme. Chez Fram, on admet ainsi une baisse d’activité de près des deux tiers depuis le renversement de l’ex-président Ben Ali, le 14 janvier 2011: de 100.000 clients en 2010 à 37.000 aujourd’hui… «La Tunisie a une image qui lui colle à la peau, alors que cette image n’a rien à voir avec la réalité», explique-t-on au service de presse du voyagiste.
«Au vu de ce qui se passe, les touristes étrangers ont tendance à éviter l’Egypte et la Tunisie. Ils choisissent d’abord le Maroc et la Turquie», explique Youssef Sabri, 18 ans de Club Med, chef du village de «Djerba la Douce». Il reconnaît une «petite dégradation de 5%» sur la saison d’hiver (qui se termine au 30 avril). Mais pour juillet-août 2013, le carnet de commande est plein.
Pour autant, le voyagiste a dû retarder au 23 juin l’ouverture de son village d’Hammamet. Et fermer deux villages ces dernières années. Résultat: il n’a plus que deux implantations en Tunisie. «Les autres auraient dû fermer de toute façon. Cette décision est liée à la stratégie de notre entreprise», assure Dick Nouira, directeur opérations zone Afrique.
Car l’activité doit aussi s’adapter à la crise qui frappe l’Europe, d’où vient la majorité de la clientèle. «Les Européens partent moins. Nous sommes ainsi amenés à faire des forfaits plus courts, notamment de quatre jours contre une semaine auparavant. Nous sommes aussi confrontés au phénomène du last minute, les réservations de dernière minute», précise Youssef Sabri.
Face à cette conjoncture, son entreprise, qui entend «monter en gamme», dit ne pas avoir «cassé les prix», contrairement, assure-t-il, à certains de ses petits camarades, et néanmoins concurrents. Certains d’entre eux proposeraient ainsi des forfaits d’une semaine «à 250 euros, avion compris», là où le Club Med fait payer «700 euros, vol non compris».
Enclave paradisiaque
Pour l’instant, la contraction de son activité resterait donc limitée. A Djerba, celle-ci le serait d’autant moins que l’île, dont les 130.000 habitants vivent à 80% du tourisme, ne serait pas touchée par les troubles politiques, aux dires des responsables du Club et de certains habitants. «On est loin de ce qui se passe dans le nord du pays. Ici, les gens font tout pour protéger le tourisme», constate Youssef Sabri. De son côté, le village mène des actions auprès de la population pour renforcer son implantation. Il dispense ainsi chaque semaine des cours de sport aux enfants des localités alentours, offre des dons…
«Djerba la Douce» reste ainsi une enclave paradisiaque d’une trentaine d’hectares, installée au milieu des palmiers, des eucalyptus et des lauriers roses, le long d’une plage de 1200 mètres au bord de la Méditerranée. Son responsable, en poste depuis huit mois après deux ans de Brésil, y circule en short, le tutoiement facile, au milieu des clients (pardon des GM, les gentils membres), serrant la main aux messieurs, claquant la bise aux dames. Tel GM va au hammam, un autre revient d’une matinée de voile… Tandis que de nombreux autres font la sieste sur un transat à l’ombre, à quelques mètres de la mer.
Un GO (gentil organisateur), un animateur, dit en riant à Youssef qu’il va «quand même aller prendre son service»... Le village compte 104 GO, 126 GE (gentils employés) et une soixantaine de prestataires, notamment pour la sécurité. 60% des salariés sont tunisiens.
Y a-t-il des problèmes sociaux avec le personnel, comme cela se produit assez souvent ces temps-ci en Tunisie ? Pas à la connaissance du chef de village. «Le syndicat UGTT est bien évidemment implanté chez nous. Lui aussi a une action positive: il est d’abord intéressé par la poursuite de l’activité».
Y a-t-il des problèmes avec des salafistes ? «Aucun !», répond Youssef Sabri sans hésiter. Pour autant, «ici aussi, on trouve des salafistes», raconte un habitant rencontré par hasard dans la rue. «Ils font comme tout le monde: ils travaillent dans le tourisme, tiennent des petites boutiques», ajoute le même sans plus de précision.
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