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Togo: élections législatives sous haute tension

Les Togolais se rendent aux urnes le 19 décembre 2018 pour des élections législatives boycottées par la principale coalition de l'opposition, après plus d'un an de crise politique et des dizaines de manifestations demandant le départ du président Faure Gnassingbé.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Policiers patrouillant dans les rues de Lomé lors d'une manifestation le 18 octobre 2017. (REUTERS TV / X00514)

La coalition de 14 partis politiques d'opposition dénonce des "irrégularités" dans le processus d'organisation et réclame davantage de transparence et des réformes constitutionnelles pour permettre la limitation du mandat présidentiel.

Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, a succédé dans la violence à son père, le général Eyadema Gnassingbé, qui avait dirigé le pays d'une main de fer pendant 38 ans.

En amont du scrutin, l'opposition a appelé à manifester pendant une dizaine de jours pour exiger l'arrêt du processus électoral et appelé au boycott des élections. Dans des vagues de violences sporadiques, au moins quatre personnes ont été tuées - six selon l'opposition - les 8 et 10 décembre 2018 lors de ces manifestations à Lomé et dans le centre du pays.

Les religieux ont appelé au report du scrutin

"Nous disons toujours non à ces élections. Nous ferons ce qu'il faut pour qu'elles n'aient pas lieu", a martelé en vain la coordinatrice de la coalition, Brigitte Adjamagbo-Johnson.

Face à la montée des tensions, tous les groupes religieux du Togo ont appelé au report de ces élections. Mais le parti au pouvoir reste inflexible : les législatives, qu'il est désormais sûr de remporter, auront bien lieu.

Principal enjeu pour le parti au pouvoir : rafler les quatre cinquièmes des sièges (73 députés sur 91 contre 62 actuellement), pouvant lui permettre d'opérer seul les réformes au Parlement, notamment de faire passer le vote de la réforme constitutionnelle permettant au président Gnassingbé de se représenter en 2020 et 2025.

"Cédéao responsable"

Le scrutin intervient après des mois de négociations ratées sous l'égide des présidents ghanéen et guinéen, médiateurs pour la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Celle-ci avait encouragé la tenue des législatives avant la fin de l'année 2018 : une solution précipitée, selon l'opposition. Pour elle le recensement des électeurs a été bâclé. Elle estime par ailleurs ne pas avoir assez de représentants à la Commission électorale.

"La Cédéao a fait une erreur d'appréciation de la situation socio-politique au Togo, en prescrivant des élections à la place des réformes", confie Me Raphaël Kpandé-Adzaré, un porte-parole du Front Citoyen Togo Debout (FCTD), qui représente la société civile. Elle "est responsable des victimes enregistrées ces derniers jours par sa légèreté et sa complaisance", a-t-il accusé.

Malgré l'absence des deux poids lourds de l'opposition, l'ANC (Alliance Nationale pour le Changement) et le PNP (Parti national panafricain), 850 candidats issus de 130 listes de 12 partis politiques ou indépendantes participeront à ce scrutin.

"Quand on boycotte un scrutin, on reste chez soi"

Parmi ces partis figurent l'Union pour la République (Unir, au pouvoir), le Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD) de l'ancien Premier ministre et opposant Agbéyomé Kodjo, ainsi que l'Union des forces de changement (UFC) de l'ex-opposant historique Gilchrist Olympio.

Les autres formations d'opposition engagées dans ces législatives, et qui ne se sont pas engagés dans la coalition des 14, disent vouloir se battre pour pour barrer la route au parti au pouvoir au sein du Parlement.

Environ 8 000 gendarmes et policiers sont déployés à travers le pays. Le 17 décembre, le ministre de la Sécurité, le général Yark Damehame, a mis en garde contre d'éventuelles violences. "Quand on décide de boycotter un scrutin, on reste chez soi. On ne sort pas pour casser les urnes ou empêcher le autres citoyens d'exprimer leur vote", a averti le général à la télévision nationale.

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