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Le Niger inquiet des revers rencontrés par son voisin nigérian dans la lutte contre Boko Haram

280 combattants de Boko Haram ont été tués fin décembre 2018 par l’armée nigérienne, à la frontière avec le Nigeria. Le Niger, déja confonté aux incursions djihadistes venues du Mali, s’inquiète de l'état de son voisin nigérian, où l’armée est en pleine déroute.       

Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Soldats de l'armée du Niger sur le tarmac de la base de Diffa, dans le sud-est du pays, le 16 juin 2016. C'est de cette base que partent la plupart des missions pour contenir les attaques du groupe islamiste Boko Haram.  (ISSOUF SANOGO / AFP)

L’armée du Niger a lancé le 28 décembre des opérations terrestres et aériennes contre le groupe djihadiste nigérian Boko Haram, tuant plus de 200 "terroristes", indiquait le 4 janvier 2019 un communiqué du ministère de la Défense.

Les zones visées se trouvent dans le bassin du lac Tchad, espace très marécageux dans le sud-ouest du Niger, qui sert de repères aux combattants de Boko Haram. Un acte préventif, soulignent les autorités qui s'attendent à une recrudescence des attaques avec la fin de la saison des pluies.

L’armée nigériane en grande difficulté

Niamey reste surtout très "préoccupé" par la situation au Nigeria voisin, où "plusieurs bases militaires ont été défaites" ces derniers mois par Boko Haram. Ainsi, le 23 novembre, le groupe djihadiste a affirmé avoir tué 118 soldats nigérians lors de cinq attaques contre des bases militaires du nord-est du pays.

Au même moment, l’armée nigériane abandonnait discrètement l’une de ses positions près de la frontière avec le Niger, à Gashagar, après avoir subi quatre attaques de la part du groupe terroriste. Lequel a, un mois plus tard, pris le contrôle de la ville stratégique de Baga, un important port de pêche sur le lac Tchad.

Enfin, cinq militaires nigérians sont morts le 2 janvier quand leur hélicoptère s'est écrasé alors qu'ils étaient en mission de soutien durant l'attaque de la base Damasak, dans l'Etat de Borno (nord-est), par les djihadistes.

Boko Haram que l'on disait affaibli renaît de ses cendres, plus puissant, mieux organisé, affirment les experts.

Une branche plus radicale de Boko Haram

A l’origine de ces violences, la branche de Boko Haram affiliée à Daech, baptisée l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). Son leader, Habib Yusuf, dit Abou Mosab al-Barnaoui, est le fils aîné de Mohamed Yusuf, le fondateur charismatique de Boko Haram en 2009. L'ISWAP s’est séparée en 2016 d’Abubakar Shekau, que Daech ne trouvait pas assez efficace.

Durant trois ans, cette branche s’est organisée, entraînée, financée et armée. Elle s’attaque peu aux populations civiles, mais principalement aux militaires, s’emparant de leurs armes, munitions et véhicules. Plus dangereuse que jamais, elle disposerait aujourd’hui de chars et de missiles.

Cette insurrection djihadiste, qui a fait plus de 27.000 morts en 10 ans et provoqué une grave crise humanitaire avec 1,8 million de déplacés, reste un mystère par sa capacité étonnante de résister aux armées de la région et à se reconstruire.

Le Niger, également confronté, sur sa frontière ouest, aux incursions djihadistes venant du Mali, doit agir sur plusieurs fronts. Soutenu militairement par la France et les Etats-Unis, Niamey apparaît comme l'un des derniers points de stabilité de la région.

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