La Tanzanie veut protéger les albinos, démembrés pour leurs «pouvoirs magiques»
En 2013, l’ONU tirait la sonnette d’alarme. Les albinos étaient tués à cause des croyances qui voudraient que leurs organes soient dotés de pouvoirs magiques. Plus la victime crie lors de l’amputation, plus les vertus de l’organe sont efficaces. L’Afrique de l’Est, notamment le Burundi, le Kenya et la Tanzanie, a vu un exode presque systématique des albinos des campagnes vers les villes pour fuir les marchands d’organes. «C’est en Tanzanie – où un "ensemble complet" incluant les membres, les oreilles, la langue, le nez et les parties génitales (d’un albinos) se vend à des milliers de dollars – qu’ont été rapportés la plupart des meurtres. En août 2010, un homme a été arrêté pour avoir tenté de vendre un albinos kényan pour 250.000 dollars», rapporte l’agence Irin.
«Je condamne avec la plus grande fermeté ces meurtres vicieux, commis dans des circonstances particulièrement horribles avec des démembrements, y compris visant des enfants, alors que les victimes sont vivantes», s’est indignée Navi Pillary, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme. En 2013, la multiplication des attaques concernant des enfants et des femmes albinos avaient eu un retentissement international.
A l’approche des élections générales d’octobre 2015, dans un message à la nation, le président tanzanien Jakaya Kikwete a promis plus de fermeté à l’égard des assassins et des agresseurs. «Mettre fin aux meurtres d'albinos, cela est possible mais à condition que les gens abandonnent les croyances superstitieuses et comprennent que chacun devra sa réussite à son travail», affirme le président pour qui ces actes «sont une honte pour des gens civilisés et qui croient en Dieu.»
Depuis 2000, 74 albinos ont été tués en Tanzanie. L’albinisme est une maladie génétique causée par l’incapacité du corps à produire de la mélanine. Un Tanzanien sur 1400 est atteint par cette maladie. En février 2015, un bébé albinos de 18 mois a été enlevé par des hommes armés de machettes ayant pénétré à son domicile dans le nord du pays. La police a par la suite retrouvé le cadavre du bébé, amputé de ses bras et de ses jambes. Une petite albinos enlevée dans les mêmes conditions à la fin 2014, toujours dans le nord du pays, est toujours portée disparue.
Alicia Londono, une spécialiste du bureau des droits de l’Homme de l’ONU, de retour d’une visite en Tanzanie en août 2014, dit craindre pour les albinos à l’approche de la présidentielle d’octobre. Elle exhorte les autorités à lutter contre le marché noir des membres d’albinos, à lutter contre l’impunité et à mieux réguler les pratiques des médecins.
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