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Premier ministre libéré, manifestations réprimées... Ce que l'on sait du coup d'Etat au Soudan

Abdallah Hamdok, le Premier ministre soudanais, a été ramené à son domicile par les militaires après avoir été détenu pendant deux jours.

Article rédigé par franceinfo
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Des manifestants à Khartoum, la capitale du Soudan, contre le coup d'Etat militaire, le 26 octobre 2021. (MAHMOUD HJAJ / ANADOLU AGENCY / AFP)

La situation demeure tendue au Soudan après la tentative de coup d'Etat initiée par des militaires. Le Premier ministre renversé, Abdallah Hamdok, a été ramené à son domicile, mercredi 27 octobre, après avoir été détenu pendant deux jours. Franceinfo vous résume ce qu'on le sait de la situation dans ce pays d'Afrique de l'Est.

Le Premier ministre détenu pendant 2 jours

Plusieurs dirigeants soudanais ont été arrêtés lundi par les militaires putschistes. Parmi eux : le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok. La communauté internationale avait aussitôt réclamé leur libération. Finalement, il a été ramené avec son épouse mardi soir chez lui "sous étroite surveillance", a annoncé son bureau.

Le Premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, le 18 octobre 2021, à Khartoum. (AFP)

En revanche, "plusieurs ministres et dirigeants politiques sont toujours en état d'arrestation dans des endroits inconnus", ont précisé les services du Premier ministre. L'identité et la fonction des autres dirigeants ne sont pas encore connues. Sur Facebook, le ministère de l'Information écrit simplement que "la plupart des ministres" et "les membres civils du Conseil de souveraineté" qui chapeaute la transition "ont été emmenés vers une destination inconnue".

Des militaires à la manœuvre

Des militaires ont pris lundi le contrôle de la télévision d'Etat. Le général Abdel Fattah al-Burhane est apparu dans la journée sur la chaîne Al-Hadath pour relever tous les dirigeants de leurs fonctions et les remplacer, dit-il, par un nouveau gouvernement composé de "personnes compétentes".

Lors de cette prise de parole, le général Abdel Fattah al-Burhane a répété qu'il souhaitait toujours "une transition vers un Etat civil et des élections libres en 2023".  Il a également décrété l'état d'urgence et s'est engagé à respecter les accords internationaux signés par le Soudan, l'un des quatre Etats arabes à avoir récemment décidé de reconnaître Israël.

Le lendemain, lors d'une conférence de presse, le général Abdel Fattah al-Burhane a défendu son coup de force, affirmant avoir agi car "certains attaquaient l'armée", "composante essentielle de la transition".

Des manifestations réprimées dans le sang

Peu après le coup de force des militaires, des manifestants sont descendus dans la rue dès lundi. Le hashtag #SudanCoup (que l'on peut traduire par #CoupdEtatauSoudan) a rapidement émergé après l'arrestation de la plupart des dirigeants. A Khartoum, la capitale soudanaise, des barrages ont été installés et des pneus brûlés.

Les manifestants ont demandé que l'ensemble des autorités civiles de transition soient réinstituées et ont bloqué les principaux axes de Khartoum sous une nuée de drapeaux soudanais et aux cris de "Non au pouvoir militaire !". Les forces de l'ordre ont répondu par des tirs de grenades lacrymogènes pour disperser la foule dans le quartier de Bourri, dans l'est de la capitale.

L'armée a aussi tiré "à balles réelles" sur les manifestants devant les quartiers généraux de l'armée. La répression a fait de nombreuses victimes : quatre manifestants ont été tués lundi, selon un syndicat de médecins pro-démocratie, et plus de 80 personnes ont été blessées.

Des tensions depuis plusieurs semaines

Depuis août 2019, et l'éviction du président Omar el-Béchir, le pays était dirigé par une administration composée de civils et de militaires chargée de superviser la transition vers un régime démocratique. Ce processus de transition, entaché de divisions politiques et de luttes de pouvoir, est toutefois fragilisé. Les Forces pour la liberté et le changement (FFC), qui ont mené les manifestations anti-Béchir en 2019, ont par exemple fini par se scinder en deux factions opposées.

Les divisions se sont exacerbées après un coup d'Etat manqué le 21 septembre dernier. La semaine dernière, des dizaines de milliers de Soudanais ont défilé dans plusieurs villes pour soutenir le transfert complet du pouvoir aux civils et pour contrer un sit-in de partisans de l'armée devant le palais présidentiel dans la capitale Khartoum, qui exigeait un retour au "régime militaire".

La communauté internationale inquiète

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s'est entretenu par téléphone mardi avec le Premier ministre soudanais renversé, Abdallah Hamdok. "Le secrétaire d'Etat se réjouit de la libération du Premier ministre et renouvelle son appel aux forces militaires soudanaises pour qu'elles libèrent tous les dirigeants civils en détention et garantissent leur sécurité", a ajouté le porte-parole de la diplomatie américaine dans le communiqué. Malgré tout, Antony Blinken a exprimé sa "forte inquiétude" concernant ce putsch et exhorté les militaires soudanais à ne pas faire usage de la violence contre les manifestants.

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni mardi en urgence et à huis clos sur le Soudan. Un texte pourrait être adopté mercredi, a estimé un diplomate s'exprimant sous couvert de l'anonymat après la session qui avait été réclamée par les membres occidentaux du Conseil, soutenus par leurs homologues africains. L'instance a renoncé à dénoncer le putsch "dans les termes les plus forts", assure un diplomate à l'AFP.

Le Fonds monétaire international, qui avait annoncé des aides de 2,47 milliards de dollars sur trois ans et trois mois en faveur du Soudan, a estimé mardi qu'il était trop tôt pour prendre une décision sur l'avenir de ce soutien. "Il est prématuré de commenter les implications des récents événements au Soudan, mais nous suivons attentivement les développements", a déclaré une porte-parole de l'institution.

Les Etats-Unis ont annoncé, dès lundi, la suspension de 700 millions de dollars d'aides à Khartoum. L'Union européenne a menacé, mardi, de suspendre son soutien financier si les militaires ne rendaient pas le pouvoir immédiatement.

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