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La "Pure Colère" de la photoreporter Camille Lepage sur des conflits oubliés en Afrique

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min

Le 12 mai 2014, la photoreporter Camille Lepage, 26 ans, était assassinée au cours d'une embuscade en Centrafrique. Trois ans après ce drame, sa mère Maryvonne a publié un album photo des travaux de sa fille en Afrique. Un livre intitule "Pure Colère".  

En 2017, trois ans après la mort de la photographe Camille Lepage, assassinée dans une embuscade en Centrafrique à l'âge de 26 ans, sa mère Maryvonne qui a créé l’association "Camille Lepage - On est ensemble", a publié un album photo des travaux de sa fille en Centrafrique, au Soudan et au Soudan du Sud. Son titre : "Pure Colère" (Éditions de La Martinière).

Dans un entretien à RFI
, Maryvonne Lepage explique: "Le titre Pure colère exprime la colère qu’avait Camille. Une colère forte de ce qu'elle côtoyait au quotidien. C'est aussi ma colère que j'exprime à travers son travail."

Pendant neuf mois, Maryvonne a trié plus de 10 000 photos en se posant sans cesse cette question: "Tu en penses quoi, Camille ? Est-ce que ça te convient ? Es-tu d’accord sur ces choix? Avant tout, je dois te respecter, respecter ton travail, ton engagement, tes valeurs. 'On est ensemble!', c’est ton expression, celle des Centrafricains, et c’est la nôtre à toutes et à tous aujourd’hui. Elle est pleine de sens à mes yeux. C’est notre force !"

Les nombreux témoignages de photojournalistes et de proches de Camille Lepage font de cet ouvrage une contribution émouvante sur le travail d’une photographe engagée. "Témoigner des conditions de vie des populations en souffrance, innocentes et oubliées dans les pays en conflit ", tel était le credo de Camille. "Elle voulait par-dessus tout faire connaître la situation des populations oubliées des radars médiatiques", précise sa mère.

En 2012, Camille Lepage part au Soudan et au Soudan du Sud pour couvrir les conflits qui déchirent ces deux pays puis rejoint, l’année suivante, la Centrafrique quand Michel Djotodia s'autoproclame président.

"Situées au milieu du continent africain, la République centrafricaine et la République du Soudan du Sud font partie des terres oubliées. Elles ont leur drapeau et leur siège à l’Onu, leur code téléphonique et leur suffixe Internet. Mais ces Etats sont des naufragés du monde contemporain, abandonnés à une tragique dérive sociale, politique et économique, à l’écart des enjeux stratégiques d’un monde en apparence globalisé. (…) Ce sont ces endroits qu’avait choisi de couvrir Camille, et où elle avait décidé de vivre. (…) Camille fait partie d’une poignée de journalistes qui tentent de comprendre et de raconter, et surtout de donner une existence aux êtres humains pris dans la guerre et ses convulsions", écrit Adrien Jaulmes, journaliste reporter au service étranger du Figaro dans la préface du livre.

Au centre de réadaptation physique de Juba. Mabior a perdu sa jambe à la guerre ; Kong, soldat de l’Armée populaire de libération du Soudan, a marché sur une mine dans l’État du Haut-Nil. Deng (sept ans) a été amputé à quatre ans après l’explosion d’une mine dans sa maison.  (Camille Lepage)
A Yuai, Dak Kueth, prophète autoproclamé de l’ethnie lou-nuer, se tient devant les jeunes. À lui seul, il a réussi à convaincre 4.000 Nuers d’attaquer l’ethnie murle au Jongleï. S’il ne fait pas partie de l’armée, il porte néanmoins l’uniforme ainsi que des armes à feu.  (Camille Lepage)
Après le bombardement du village de Kauda, un couple marche dans les cendres de sa maison. L’attaque a détruit quatre habitations de la localité, ainsi que toutes les récoltes qui venaient d’être faites. Les familles ne pourront plus assurer leur subsistance jusqu’à la prochaine moisson, en septembre de l’année suivante.  (Camille Lepage)
Depuis le début du conflit en 2011, l’école coranique de Kauda continue à accueillir les enfants de tous âges deux heures par jour. A l’extérieur du village, les jeunes Noubas n’ont quasiment pas accès à l’éducation.  (Camille Lepage)
Dans le quartier Gobongo, des militaires tchadiens de la Force multinationale de l’Afrique centrale (Fomac) ont tiré sur des civils durant la nuit. Une femme pleure la perte de son frère. Les éléments tchadiens de la Fomac ont été accusés de collusion avec la Séléka à l’encontre des anti-balakas.
  (Camille Lepage)
Deux corps ont été transportés à la mosquée Ali Babolo à la suite d’une incursion anti-balakas qui a causé la mort de cinq personnes le matin même. Le quartier PK5, régulièrement attaqué, est l’une des dernières enclaves musulmanes à Bangui.  (Camille Lepage)
Éditions de La Martinière (Camille Lepage)

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