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Somalie : les pirates menacent de reprendre la mer

Les actes de piraterie ont disparu des côtes somaliennes, mais les anciens pirates ont bien du mal à reprendre leur activité traditionnelle : la pêche artisanale. Ils accusent les bateaux usines étrangers d’écumer les eaux territoriales somaliennes et de les vider de leurs poissons. Faute de pouvoir vivre de la pêche, ils menacent de reprendre la piraterie.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
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La piraterie maritime s'est déplacée des côtes somaliennes à celles du Nigeria. (AFP/ Mohammad Dahir)


Les pirates qui imposaient leur loi au large de la Somalie ont disparu des écrans radars des navires de guerre déployés dans l’océan indien. L’opération anti-piraterie Atalante menée par les marines européenne, chinoise et américaine a fini par porter leurs fruits. Les flibustiers ont abandonné la partie, après l’arrestation de plusieurs centaines d’entre eux.

2011 représente l’apogée de la piraterie somalienne. Cette année-là, les pirates avaient conduit, selon le bureau maritime international, pas moins de 237 attaques, avec la prise de 11 navires et 216 marins. Les rançons se chiffraient alors en moyenne à deux millions de dollars par navire.

Même si les écumeurs des mers ont toujours existé dans le golfe d’Aden, les pêcheurs somaliens ont longtemps expliqué, avoir abandonné leur activité traditionnelle (pour la piraterie) en raison des bateaux usines chinois et japonais qui y ratissaient illégalement le poisson. 

«Or, ces bateaux étrangers sont de retour, les pirates ayant disparu, il n’y a plus aucun risque pour les chalutiers illégaux qui peuvent pêcher à volonté», explique John Steed, responsable de l’ONG américaine Oceans Beyon Piracy (OPB).

Il n’y a pas eu de véritable attaque contre un navire de la marine marchande depuis 2014. Un succès, mais revers de la médaille, sans la menace pirate, la pêche illégale et le pillage des eaux territoriales somaliennes a repris de plus  belle.
En mars 2015, des pirates somaliens ont attaqué un chalutier iranien, soupçonné de se livrer à la pêche illégale; les 15 membres d’équipage sont toujours retenus en otages.

Interception de pirates somalien par les marins de l'opération européenne (Atalante) (AFP/ Eu Navfor)
 
 «A présent, nous sommes redevenus des pêcheurs, mais où sont les poissons? Les bateaux étrangers prennent tout», dénonce Abdulahi Abas, un ancien pirate de la ville côtière de Garrad interrogé par OPB… «J’ai rejoint la piraterie précisément à cause de la pêche illégale et maintenant nous que nous avons arrêté le business de la piraterie, nous ne pouvons pas pêcher dans nos propres eaux.»

D’après l’ONG OPB, des bateaux de pêche, battant pavillon Iranien, Espagnol, ou Taïwanais, pénètrent chaque jour dans les eaux territoriales somaliennes en toute illégalité.

«Je n’ai pas de boulot et je ne peux pas pêcher librement à cause des chalutiers étrangers… Ils prennent tout le poisson et je vous dis que cela ramènera la piraterie et que cette fois, ce sera encore pire», affirme Ahed Yare, un ancien pirate du village d'Eyl.

Pour John Steed, l’absence de perspective économique et le sous-développement de la côte somalienne rendent la piraterie toujours attractive dans les esprits. «Enlevez les navires de guerre, supprimez les gardes armés et tout recommencera», prédit-il.

Mais l’insécurité qui règne sur la côte somalienne, en partie sous le contrôle des insurgés islamistes shebabs, rend très difficile la réalisation d’infrastructures (usine à glace, entrepôts) pour développer la pêche et l’accès au marché international.

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