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Zannah Mustapha, l’avocat qui a libéré les lycéennes de Chibok, honoré par l’ONU

La distinction Nansen 2017 du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) a été attribuée le 18 septembre 2017 au Nigérian Zannah Mustapha, médiateur qui a négocié la libération des collégiennes de Chibok. Avec son école gratuite, il donne une éducation aux orphelins de toutes religions et une nouvelle chance aux femmes qui ont perdu leur mari dans l’insurrection de Boko Haram, au nord-est du Nigeria.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
«Chaque enfant compte» (Afolabi Sotunde/Reuters)

L’avocat de 58 ans et promoteur immobilier a deux passions : le tennis de table et l’éducation inclusive. La seconde a fini par l'emporter sur la première. Effaré par le nombre croissant d’enfants qui erraient dans les rues de Maiduguri, capitale de l’État de Borno et cœur de l’insurrection qui a fait 20.000 morts et 2,3 millions de déplacés, il décide créer une école. «Ce lieu est protégé parce que toutes les parties au conflit y sont représentées et que nous enseignons l’éducation islamique et la supposée éducation occidentale. Nous enseignons l’arabe, le français, l’anglais, les maths… », témoigne Suleiman Aliyu, qui travaille à l’école depuis sa création en 2007.


Education inclusive
L’école est victime de son succès. Elle compte 540 élèves, dont 282 filles. Et 2000 enfants inscrits sur la liste d’attente. «Ici, chaque enfant compte, quelles que soient sa religion, son origine ou sa culture... Notre but est d’apporter des changements positifs dans leur existence», explique, dans un entretien au HCR, Zannah Mustapha. Partisan d’une approche inclusive, il veille à accueillir à l’école des enfants issus de familles chrétiennes et musulmanes appartenant aux deux parties du conflit. Il n’y a pas de frais de scolarité, le principal obstacle à l’éducation pour des milliers de Nigérians démunis. Parmi les écoliers, des enfants de soldats et des rebelles de Boko Haram.

 
Libérateur des lycéennes otages de Boko Haram
Sa notoriété et son engagement ont fait de lui l’un des principaux médiateurs lors des négociations engagées pour faire libérer les collégiennes de Chibok, dont l’enlèvement par les militants de Boko Haram a eu un retentissement mondial en avril 2014. Zannah Mustapha a pris l’initiative de prendre contact avec les kidnappeurs. Il a réussi, en deux étapes, à faire libérer 103 filles, retenues dans la forêt de Sambisa. «Elles ont été acheminées jusqu’à un endroit fixé d’un commun accord, près de la frontière avec le Cameroun, et elles sont sorties l’une après l’autre et se sont identifiées… Quand elles ont compris ce qui se passait, elles étaient folles de joie», se souvient-il.


Distribution de terres
En plus de l’école, sa Fondation islamique des prouesses futures a créé une association de veuves et distribué à d’autres déplacés des terres à cultiver. «Cet homme a changé la vie de tant de gens ici», dit Sharif Abubakar, qui a fui sa région après la destruction de sa maison par Boko Haram en 2015. Il est maintenant responsable du projet agricole de la fondation. «Il nous a gratuitement fourni des terres agricoles, une éducation gratuite, il nous a même donné les semences pour démarrer et a cultivé sa propre parcelle pour nous montrer ce qui pouvait être fait».


«L'éducation est l'un des outils les plus puissants pour aider les enfants réfugiés à surmonter les horreurs de la violence et des déplacements forcés. Cela renforce les jeunes, leur donne des compétences et moyens pour contrer l'exploitation et le recrutement par des groupes armés», affirme Filippo Grandi, Haut commissaire aux réfugiés.

Le prix des réfugiés Nansen du HCR, créé en 1954 et doté d’une somme de 100.000 dollars, est décerné chaque année à un individu, un groupe ou une organisation en reconnaissance d'un engagement exceptionnel à la cause des réfugiés, des personnes déplacées et des apatrides

Le rêve de Zannah Mustapha ? «Favoriser une coexistence pacifique et reconstruire les communautés du Nigeria nord-est»

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