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Tunisie: le test anal pour les homosexuels toujours pratiqué, selon HRW

Des députés du parlement tunisien ont présenté en octobre 2018 un projet de loi pour l’abrogation de la loi pénalisant l’homosexualité. Un nouveau rapport de Human Rights Watch dénonce les abus et les humiliations officiellement infligées aux homosexuels présumés.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Illustration du test anal appelé le «test de la honte» par les organisations de défense des droits de l'Homme.  (Human Rights Watch)

Examen anal forcé, recherche de «preuves de sodomie», «thérapie de conversion»… Dans l’étude publiée le 8 novembre par Human Rights Watch, des hommes soupçonés d’homosexualité racontent ce qu’ils ont vécu lors de leur arrestation en Tunisie entre 2017 et 2018. Voici quelques extraits de ces témoignages. 
 
«J’ai senti le sang se glacer dans mes veines»
Piégé par un faux rendez-vous sur une application réservée aux homosexuels, K.S., un ingénieur de 32 ans, se fait agresser et violer par plusieurs hommes. Il décide de déposer une plainte dans un poste de police où il est jugé suspect. On lui ordonne dès lors un examen anal pour vérifier s’il était «un habitué de la sodomie». A l’hôpital, le médecin confirme que le test est impératif et l’oblige à le faire.

«J’étais terrifié (…) j’ai senti le sang se glacer dans mes veines», explique l’homme qui a décidé de quitter le pays.
 
«C’est la pire chose qui me soit arrivée»
Accusé de sodomie, K.B., Un réalisateur de 41 ans, a passé 13 mois en détention provisoire. L’homosexualité est un crime passible de trois ans d’emprisonnement et pour «prouver» qu’il y a eu une relation sexuelle, certains procureurs demandent un examen anal. «Le médecin m’a ordonné de me déshabiller et de me mettre sur la table d’examen (…). J’avais tellement honte. C’était très déshumanisant. C’est la pire chose qui me soit arrivée», raconte cet homme.
 
Test et «thérapie de conversion»
Dénoncé par sa famille pour homosexualité, A.C. n’avait que 17 ans lorsqu’il est arrêté chez lui par la police. Il est conduit au poste où il est longuement interrogé sur son orientation sexuelle. Il est ensuite présenté à un médecin légiste pour un examen anal.
 «Je n’ai pas compris ce qui se passait. La police m’a dit que le test était obligatoire. Le médecin m’a demandé de me pencher… Il ne m’a pas expliqué de quoi il s’agissait», révèle le jeune homme. Placé dans un centre de rééducation pour mineurs, il a été contraint de suivre une «thérapie de conversion» pour changer son orientation sexuelle.
 
«Le plus grand mensonge dans l’histoire de la médecine»
Le test anal appelé «le test de la honte» a été dénoncé par l'ordre des médecins tunisiens. «C'est tout simplement le plus grand mensonge jamais fabriqué dans l'histoire de la médecine. On ne peut pas prouver qu'une personne est gay par aucun de ces examens, pas du tout», précisait par ailleurs le Dr Sami Kawas, médecin légiste dans une interview en 2017 à Human Rights Watch.
 
La Tunisie s’est engagée il y a un peu plus d’un an à mettre fin au test anal forcé, mais pour Human Rights Watch cela ne suffit pas. L’organisation demande l’annulation définitive de cet examen non scientifique et l’abrogation de «la loi archaïque» qui punit l’homosexualité.


 

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