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Soudan : "Un enfant sur trois ne va pas à l’école", s’alarment des organisations humanitaires

Le coup d’Etat de 2021 a aggravé une situation déjà compliquée.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Temps de lecture : 2 min
Des enfants soudanais rassemblés sous le drapeau national dans une cour d'école du camp de déplacés d'Otash, à la périphérie de la ville de Nyala, la capitale du Sud-Darfour, le 1er février 2021. (ASHRAF SHAZLY / AFP)

Au Soudan, l'un des pays les plus pauvres au monde,"environ 6,9 millions de filles et de garçons, soit un enfant sur trois en âge d'être scolarisé, ne vont pas à l'école", affirment dans un communiqué conjoint (lien en anglais) le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et l’ONG britannique Save the Children. Quel avenir peut-on espérer quand on n’a jamais mis les pieds à l’école ? La question se pose aujourd'hui dans ce pays. 


Une crise d’apprentissage


L’accès à l’éducation, notamment dans les zones rurales, n’a jamais été une évidence mais le problème a pris de l'ampleur. En plus de la pauvreté ou des disparités géographiques, l'apprentissage a été davantage compromis en raison de la profonde crise socio-économique que traverse le pays depuis le coup d'Etat d'octobre 2021. Selon les organisations humanitaires, moins de la moitié des enfants de six ans se sont inscrits à l’école et d’autres ont arrêté d’y aller pendant la pandémie du Covid-19.

Avec l'aggravation de la situation socio-économique, les conflits récurrents et les fermetures d'écoles prolongées, les enfants abandonnent l'école et les chances que les filles et les garçons y retournent sont faibles.

Save the Children et l'Unicef

Communiqué conjoint

Une multitude d'obstacles


Les filles sont particulièrement vulnérables dans "un environnement souvent dangereux", comme le précise les organisations humanitaires : intimidations, violences sexistes, abus et châtiments corporels se répètent et ne sont jamais signalés officiellement. De quoi dissuader les familles d’envoyer leur fille à l’école.

Les infrastructures de base (clôture, toilettes et mobiliers) manquent cruellement et les enseignants préfèrent rejoindre des établissements mieux équipés et plus sûrs. Du coup, il y a un manque d’instituteurs et la qualité de l'enseignement est souvent médiocre. Les 12 millions d'enfants scolarisés dans les écoles publiques n'acquièrent pas les compétences fondamentales, selon Save the Children et l'Unicef.

"Aucun pays ne peut se permettre d'avoir un tiers de ses enfants sans des compétences de base en lecture, en calcul ou en numérique".

Mandeep O'Brien, représentante de l'Unicef au Soudan

"Une catastrophe générationnelle" 


Le coup d’Etat du général Burhane a coupé court à la transition démocratique lancée en 2019 après la chute du dictateur Omar el-Béchir qui a dirigé le pays pendant trente ans. 

L’enseignement semble désormais sacrifié. L’Etat consacre moins de 1% de son budget à l’éducation alors qu’il était de 12% il y a encore un an. L’Unicef et Save the children appellent à une action urgente sans laquelle l'apprentissage au Soudan deviendra "une catastrophe générationnelle".

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