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Paradise Papers: et l’Afrique dans tout ça?

L’Afrique n’est pas absente, loin s’en faut, des révélations contenues dans les Paradise Papers. Ces éléments, qui émanent du cabinet d'avocat offshore Appleby, ont été obtenus par le Süddeutsche Zeitung, puis partagés avec le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et des dizaines de médias. Promenade dans des documents qui font beaucoup de bruit dans le monde entier.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La présidente sortante du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, est citée dans les Paradise Papers. Ce qui ne fait pas d'elle une coupable. (ISSOUF SANOGO / AFP)

Les Paradise Papers révèlent les secrets de l’«optimisation fiscale» (ou évasion fiscale) des entreprises multinationales et de richissimes personnalités. 350 milliards d’euros échapperaient ainsi à la fiscalité des Etats dans le monde entier.

Et les pays africains dans tout ça ? Il suffit d’aller sur le site de l’ICIJ, de taper le mot «Afrique» sur le moteur de recherche et de voir que le continent figure bien dans la banque de données des Paradise Papers. En tout, une centaine de liens y font référence. 

Quatre personnalités africaines sont également nommément citées. En l’occurrence, le leader de l’opposition zambienne, Hakainde Sammy Hichilema; la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf; le neveu du président sud-africain Jacob Zuma, Clive Khulubuse Zuma; la sœur de l’ex-président de RDC Laurent-Désiré Kabila, assassiné en 2001, la parlementaire Jaynet Désirée Kabila Kyungu.

Capture d'écran du moteur de recherche du site icij.org (DR)

Mais, comme le précise l’ICIJ, le fait de figurer dans ces documents ne signifie pas que les firmes et les personnalités concernées «ont agi en violation de la loi». D’autant que les compagnies offshore peuvent exercer leur activité de manière parfaitement «légitime», insiste le Consortium international des journalistes d'investigation.

Vu l’importance des données rendues publiques, Géopolis n’a pas les moyens d’étudier en détail tous ces éléments. Nous nous contenterons donc d’évoquer ce que disent les Paradise Papers des quatre personnalités mentionnées ci-dessus, sans chercher à rentrer dans le détail.

Hakainde Sammy Hichilema
Plusieurs fois candidat à la présidence de son pays, il «est devenu directeur d’une entreprise des Bermudes, AfNat Resources Ltd. en mars 2006 et en a démissionné en août» 2017, rapporte le site de l’ICIJ. «AfNat Resources a été constitué en 2005 et se consacre à la recherche de nickel et d’autres métaux en Zambie et dans d’autres pays. (Cette société) a été cotée sur le marché secondaire (Alternative Investment Market, AIM) jusqu’en 2010 quand elle a été rachetée par la compagnie minière canadienne Axmin pour 14 millions de dollars.»

Interrogé par l’ICIJ, Hakainde Sammy Hichilema a expliqué qu’il n’y avait rien d’illégal à travailler pour une entreprise enregistrée aux Bermudes.

Ellen Johnson Sirleaf, élue en 2006, s’apprête à passer la main après 12 années de pouvoir.
Avant son élection, celle qui a obtenu le prix Nobel de la paix en 2011, dirigeait Databank, fournisseur de services financiers. Dans les Paradise Papers, Mme Sirleaf est mentionnée comme administratrice de la société Songhai Financial Holdings Ltd., basée aux Bermudes et filiale de Databank Brokerage Ltd., d’avril 2001 à septembre 2012. Elle a donc apparemment cumulé ses fonctions politiques et managériales pendant six ans.

Selon un responsable de Databank cité par l’ICIJ, cette entreprise «n’a pas d’affaire au Liberia». Il explique aussi que la présidente sortante du pays «n’a pas d’intérêt dans Songhai ou Databank». Il affirme par ailleurs qu’elle avait démissionné avant sa première campagne électorale. Mais que cette démission n’est devenue effective qu’en 2012 en raison d’une «omission administrative» aux Bermudes.

Clive Khulubuse Zuma à Pretoria le 24 mai 2014 (SIPHIWE SIBEKO / POOL / AFP)

Clive Khulubuse Zuma
Le neveu du président sud-africain Jacob Zuma est un «magnat de l’industrie minière», selon l’ICIJ. Un homme décrit par Le Monde comme un «affairiste». Le site sud-africain sapeople.com rappelle qu’un tribunal avait «estimé en juin 2015 qu’il était responsable (…) de la faillite d’une mine d’or, qui (avait) conduit à la suppression de 5000 emplois». Ce qu’il a nié.

Selon les Paradise Papers, «Clive Khulubuse Zuma a été autorisé à représenter Caprikat Limited, une des deux sociétés à avoir acquis (avec Foxwhelp Ltd. ), de manière controversée, des champs pétroliers en République Démocratique du Congo» (RDC). Le neveu du président sud-africain et les deux firmes ont rejeté toute «acte répréhensible» dans cette affaire, rappellent les journalistes enquêteurs.

Selon un porte-parole de Fleurette, cité par l’ICIJ, «la RDC a considérablement bénéficié» de ces «investissements et engagements à long terme». De son côté, Clive Khulubuse Zuma n’a pas répondu aux sollicitations des journalistes de l’ICIJ.

Jaynet Désirée Kabila Kyungu
Elue en 2011 au Parlement, Jaynet Désirée Kabila Kyungu est propriétaire du groupe de communication Digital Congo. Elle détient la moitié de Keratsu Holding SA.

«Etablie dans un petit Etat insulaire du Pacifique inscrit sur la liste noire des paradis fiscaux de l’OCDE, Keratsu Holding Limited a détenu 19,6% des parts du consortium Congolese Wireless Network (CWN), qui a contrôlé 49% des parts de l’opérateur téléphonique Vodacom Congo», rapporte Le Monde. Vodacom est une filiale de Vodafone, troisième opérateur mondial de réseau mobile.

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