Moscou relance l’université Patrice Lumumba pour retrouver son influence en Afrique
La Russie ambitionne de renouer avec l'Afrique, en relançant son Université moscovite d’amitié entre les peuples, qui formait des élites africaines à l'époque soviétique.
Distancé par la Chine et les Occidentaux, Moscou opère un retour remarqué sur le continent africain. Au cœur de cette stratégie d’influence, l'Université moscovite d'amitié entre les peuples, qui a longtemps formé des élites africaines. Cette université, appelée à l'époque soviétique (de1961 à 1992) université Patrice Lumumba, du nom du héros indépendantiste congolais assassiné, était une pierre angulaire du soft power de l'URSS.
Accroître l’influence de l'URSS
L'université Patrice Lumumba avait fait les beaux jours de la politique "internationaliste" de l'URSS dans le tiers monde. Construite au plus fort de la décolonisation africaine et des tentatives de récupération des pays non-alignés par Moscou, elle a perdu sa raison d'être en 1991 avec la chute du communisme et l'implosion de l'URSS.
En pleine Guerre froide, c'est elle qui a formé des générations d’ingénieurs, de médecins et de dirigeants africains. Parmi les plus connus, les présidents sud-africain Thabo Mbecki, nigérian Olusegun Obasanjo, angolais Eduardo Dos Santos et son successeur Joao Lourenço, namibien Sam Nujoma et bien d’autres. Une stratégie d'influence en pleine décolonisation.
Après la chute de l'Union soviétique et la crise économique qui a suivi, ce haut lieu de l'éducation n'intéressait plus grand monde, faisant d'avantage les gros titres pour les attaques racistes sur son campus, que pour son haut niveau d’éducation.
1200 cadres et scientifiques africains formés par les universités russes
Selon Vladimir Filippov, son recteur actuel interrogé par l'AFP, l'université a tourné cette page sombre et retrouve son rôle dans le soft-power russe. Et cela à l'heure où la Russie cherche à faire un retour en Afrique, comme en témoigne le tout premier sommet Russie-Afrique que Vladimir Poutine organise les 23 et 24 octobre 2019 à Sotchi. Une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernements africains y sont attendus.
Si à l'époque de la Guerre froide, il s'agissait de marquer des points dans la guerre idéologique avec l'Occident et de placer des cadres de confiance dans l'élite politique, aujourd’hui ce n'est plus seulement avec les Occidentaux qu'il faut rivaliser. Moscou doit rattraper un retard considérable sur la Chine, qui accueille un grand nombre d’étudiants africains dans ses multiples universités, sans parler des dizaines de milliards investis chaque année par Pékin sur le continent même.
L’Université moscovite d'amitié entre les peuples forme aujourd'hui un millier d'étudiants africains. "Bien sûr, c'est toujours une question d'intérêts géopolitiques et économiques", reconnaît son recteur M. Filippov. Ainsi, cette université veut aussi convaincre ses étudiants russes de s'expatrier et organise, à cette fin, son premier salon de l'emploi baptisé Je veux travailler en Afrique.
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