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Mauritanie: les touristes reviennent dans le Sahara, et l'espoir aussi

A pied dans les dunes, à dos de dromadaire ou en 4x4 à travers oasis et canyons... les touristes reviennent peu à peu dans le Sahara mauritanien. Les voyages organisés, suspendus depuis 2011 pour cause d'insécurité, ont repris depuis Noël.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min

«Le Sahara me manquait. Les couleurs des dunes, le jeu du vent sur le sable, les ciels étoilés...», confie à l'AFP, au coin du feu, Elisabeth Godin, 71 ans, un cheich couleur ocre enroulé autour de la tête.

Cette retraitée originaire de La Rochelle (ouest de la France) fait partie des tout premiers groupes de Français à retourner dans l'Adrar, dans le nord-est de la Mauritanie, une ancienne colonie de la France.

Au milieu des années 2000, l'Adrar accueillait jusqu'à 14.000 visiteurs par an – principalement français, en raison des liens historiques des deux pays. Mais cette destination confidentielle s'est effondrée avec la multiplication des attaques djihadistes et notamment le meurtre de quatre Français en 2007.

Le tourisme saharien a ensuite survécu sporadiquement «avec notamment des Allemands, des Italiens, des Néerlandais, des Espagnols et des Japonais», indique Mohamed Ba ould Ne, le directeur de l'Office du tourisme mauritanien.

En mars 2017, le ministère français des Affaires étrangères a allégé ses recommandations aux voyageurs sur cette partie du désert prisée des touristes. Si la région reste «déconseillée sauf raison impérative», cette modification est suffisante pour reprendre les circuits, estiment aujourd'hui plusieurs agences françaises spécialisées dans le voyage d'aventure et adeptes des destinations sahariennes.

«Le mythe des grandes caravanes»
«La Mauritanie a fait d'énormes efforts pour sécuriser son territoire», assure Maurice Freund, directeur de Point-Afrique Voyages. Ce voyagiste a relancé à Noël les vols charters Paris-Atar interrompus en 2011, qui permettent d'atterrir au cœur du désert. Au grand bonheur de certains touristes recherchant la magie du Sahara.

«Depuis tout petit, je suis fasciné par le mythe des grandes caravanes», confie ainsi Guillaume Jordan, 44 ans, venu randonner dans les immensités dunaires de l'erg Ouarane avec l'agence La Balaguère.


D'autres, comme sa compagne Françoise Vernet, 47 ans, sont là par solidarité. «Je voulais soutenir cette initiative pour que les Mauritaniens revoient des touristes», explique-t-elle.
Désormais, «2017-2018 est une saison test» pour l'accueil des Français, estime Kadi Mehdi, directeur de Mauritanides Voyages, une agence à Atar prestataire de tours-opérateurs français. «Notre grand challenge est de prouver que la Mauritanie a fait les efforts nécessaires» pour les faire revenir «en toute sécurité».

Pour cela, il compte sur l'important dispositif mis en place par les autorités. «Des dizaines de gendarmes patrouillent en permanence sur les parcours des circuits. On ne les voit pas, mais ils sont là», assure-t-il. 

Malgré les réticences de sa fille et les mises en garde d'amis, Elisabeth Godin se sent en sécurité dans le désert. «Quand je dors à la belle étoile au milieu du camp, je me sens comme dans un cocon», confie-t-elle sur son bivouac planté au milieu d'un plateau rocheux, entre des acacias.

«Outil pour la paix»
Début janvier, plus de 1.000 personnes étaient inscrites à des circuits de tours-opérateurs français. Une reprise timide mais importante pour l'économie de l'Adrar, durement frappée par l'arrêt du tourisme.

Pour soutenir cette relance, l'Etat mauritanien participe à hauteur d'environ 350.000 euros à l'affrètement des avions par Point-Afrique, selon l'Office du tourisme mauritanien.

Les spécialistes du secteur touristique espèrent que le retour des Français motivera d'autres nationalités. «L'avion Paris-Atar, c'est de la très bonne pub», se réjouit Cheibany Lemine, directeur d'une agence de voyage à Atar qui reçoit habituellement des Allemands, des Italiens et des Japonais. «Depuis 2010, je faisais entre cinq et huit groupes par hiver. Cette année, je suis parti pour atteindre la vingtaine.»

A 80 km d'Atar, dans l'ancienne cité caravanière de Chinguetti classée au patrimoine mondial de l'Humanité, le retour des touristes était attendu avec impatience.

«Nous sommes restés en léthargie pendant presque une décennie. Maintenant que le charter est arrivé, la ville commence à revivre», se réjouit Lemine Bahan, propriétaire d'une auberge.

Une perspective plus que bienvenue dans l'Adrar où le développement social doit être une priorité, selon Maurice Freund. «Le tourisme n'est qu'un outil pour la paix» dans le Sahel, estime le directeur de Point-Afrique. «La force militaire ne résoudra jamais les problèmes à elle seule.»

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