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Maroc : les procès des journalistes Soulaimane Raissouni et Omar Radi renvoyés

Selon les autorités, ces deux affaires, distinctes, relèvent du droit commun. Pour les soutiens des deux journalistes, les raisons sont politiques. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le secrétaire général de Reporters sans Frontières, Christophe Deloire, à une manifestation de soutien au journaliste marocain Soulaimane Raissouni à Casablanca, le 22 juin 2021. (JALAL MORCHIDI / ANADOLU AGENCY)

Le procès du journaliste marocain Soulaimane Raissouni, en grève de la faim depuis 76 jours, a été renvoyé au 29 juin après une brève audience à laquelle il était absent et où son état de santé a fait débat. Soulaimane Raissouni "n'a pas assisté à son audience car les conditions liées à son état de santé ne sont pas remplies", a déclaré à l'AFP son avocate Souad Brahma à la sortie de l'audience à la cour d'appel de Casablanca (ouest du Maroc). Il était prêt à venir "à condition d'être transporté en ambulance et d'avoir un fauteuil roulant", selon ses avocats qui ont demandé une expertise médicale. Son absence a été considérée comme un "refus" par la cour qui lui a adressé un "avertissement". L'administration pénitentiaire (DGAPR) a, elle, accusé le journaliste de "chercher à tromper l'opinion publique en observant une pseudo-grève de la faim".

"Agression sexuelle"

Soulaimane Raissouni, rédacteur en chef du journal Akhbar Al Yaoum, en banqueroute depuis mi-mars, est poursuivi pour "agression sexuelle" après une plainte déposée par un militant LGBTQ pour des faits qu'il conteste. Pour ses soutiens, il s'agit d'un procès "politique". Ce week-end, le journaliste de 49 ans a été hospitalisé à deux reprises "après avoir perdu conscience", selon ses avocats. Il "frôle la mort", a affirmé son épouse, Kholoud Mokhtari. Arrêté fin mai 2020, Soulaimane Raissouni dit avoir depuis perdu plus de 35 kilos, dont 18 pendant sa grève de la faim, lancée pour dénoncer la "grande injustice" de sa détention préventive. "Je suis prêt, voire avide, de ce procès (...) qu'il soit devant la Cour ou devant le tribunal de Dieu", a-t-il écrit la semaine dernière dans une lettre partagée par son épouse sur Facebook.

"Liberté de la presse"

La justice a rejeté toutes ses demandes de remise en liberté, malgré une forte mobilisation au Maroc et à l'international. "Nous demandons au roi d'intervenir afin d'éviter une catastrophe humaine pour la liberté de la presse", a déclaré le 22 juin le secrétaire général de Reporters sans Frontières Christophe Deloire, venu à Casablanca pour assister à ce procès et à celui d'un autre journaliste, Omar Radi. 

Omar Radi, un reporter de 34 ans, est en détention préventive depuis près de 11 mois pour des accusations de "viols" et d'espionnage qu'il conteste lui aussi. L'audience de la journée qui se tenait dans le même tribunal mais dans une autre salle a été consacrée à des questions de forme avant d'être également renvoyée au 29 juin. Ses avocats demandent une expertise médicale de la plaignante dans l'affaire de viol. Ils veulent aussi que tous les témoins cités dans les procès verbaux des deux dossiers soient convoqués au tribunal. Le ministère public s'oppose à ces demandes, le juge n'a pas encore tranché. "Omar Radi est malade, Soulaimane Raissouni est en grave danger. (...) Si l'irrémédiable devait arriver, cela entacherait l'image du Maroc", a estimé Christophe Deloire, demandant "qu'ils soient traités équitablement".

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