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L’Ethiopie interdit les adoptions d’enfants par des étrangers

Le Parlement d’Addis Abeba a décidé le 10 janvier 2018 d’interdire aux étrangers d’adopter des enfants éthiopiens. Il a donc modifié le Code de la famille en ce sens. Une mesure justifiée par «divers crimes contre les mineurs», explique un site d’informations local, diretube.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
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Le site fait très probablement référence à la mort, en 2011, d’une petite Ethiopienne de 13 ans, Hana, adoptée trois ans plus tôt aux Etats-Unis. Ses parents adoptifs, Larry et Carri William, qui habitaient l’Etat de Washington (nord-ouest), ne la nourrissaient pas et la battaient. L’affaire avait soulevé une grande émotion en Ethiopie dans les années qui avaient suivi.

Les Etats-Unis sont l’un des principaux «débouchés» des enfants éthiopiens recueillis à l’étranger: ils en ont accueilli plus de 15.000 depuis 1999. Les pays européens en adoptent également un grand nombre, notamment l’Espagne, la France et l’Italie.

4,5 millions d’orphelins
Selon l’Unicef, l’Ethiopie compterait «plus de 4,5 millions d’orphelins et autres enfants vulnérables», soit plus de 4% d’une population de 102 millions d’habitants. «Au moins 720.000 (d’entre eux) ont perdu un ou leurs deux parents à cause du VIH/sida. Les orphelins ont moins de chances d’aller à l’école, d’avoir une nutrition de bonne qualité et sont plus souvent malades que les autres enfants», précise l’organisation onusienne. Par ailleurs, «plus de 5% des enfants souffrent de malnutrition, et près de 250.000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de causes liées à la malnutrition. La pneumonie est également à l’origine de 140.000 décès (infantiles) par an.»

Pour les députés éthiopiens, c’est aux institutions locales de prendre en charge les orphelins. Reste maintenant à savoir ce qu’il va se passer pour les milliers de ceux qui ne pourront plus être pris en charge à l’étranger. «Des voix critiques s’élèvent pour dire que le pays n’a pas les capacités permettant de prendre en charge le nombre considérable d’orphelins», note le site de la BBC. Le Parlement a affirmé que les services sociaux éthiopiens en avaient les moyens. Et il insiste sur le fait que les adoptions dans le pays restent autorisées. Pour autant, l’adoption n’est pas très répandue dans la culture éthiopienne, observe le média britannique.

Moratoire
Le vote du Parlement intervient neuf mois après le moratoire sur les adoptions par les étrangers, décidé par le gouvernement en avril 2017. Ce moratoire a conduit à la suspension de dizaines d'adoptions, y compris pour des parents ayant légalement terminé la procédure d'adoption.


Le flou persiste sur les procédures encore en cours même si plusieurs sources indiquent que l'Ethiopie se serait engagée à les finaliser. Les ambassades contactées par l'AFP se refusent à donner des chiffres. Mais, en juin 2017, l'ambassade des Etats-Unis évoquait 40 familles ayant légalement adopté, mais dont le dossier s'était retrouvé gelé. De leur côté, les diplomates espagnols parlent de 50 familles dans cette situation, tandis que les Britanniques évoquent une dizaine de cas. De son côté, la Belgique avait une vingtaine de procédures d'adoption en cours en Ethiopie.

En 2016, le Danemark avait interdit toutes les adoptions d’enfants éthiopiens. Copenhague disait alors recevoir des «informations incohérentes» sur leurs origines, ce qui faisait craindre des trafics.
 
Jusque-là, l'Ethiopie était un pays très populaire pour les adoptions. D’autant que «l’Ethiopie n’est pas partie à la Convention de La Haye du 29 mai 1993 sur la protection des enfants et la coopération en matière internationale», précise le site du Quai d’Orsay.

Les adoptions de petits Ethiopiens par des familles étrangères ont été popularisées par des célébrités comme les acteurs américains Angelina Jolie et Brad Pitt. En 2005, ceux-ci avaient adopté en Ethiopie une petite Zahara Marley. Avec cette modification du Code de la famille, «c'est la fin d'une époque», a indiqué un diplomate à l’AFP…

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