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Les essais cliniques de l'industrie pharmaceutique bienvenus en Egypte
Les groupes pharmaceutiques délocalisent, notamment en Egypte, leurs essais cliniques. Les malades qui servent de cobayes n'ont généralement pas les moyens d’acheter de traitements et ne sont la plupart du temps pas couverts par les assurances maladies. On assiste à l’augmentation de ces tests en Egypte, surtout depuis la crise économique qui a suivi la chute d'Hosni Moubarak en 2011.
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C’est au début des années 2000 que les labos ont commencé à procéder à des essais cliniques à l’étranger. «Notamment dans l’espoir de se positionner dans de nouveaux marchés en pleine croissance. Novartis, Roche, Sanofi, Merck… les plus grands industriels ont ouvert des bureaux dans les pays du Sud afin d’y lancer de grandes études précédant une éventuelle commercialisation de leurs futurs produits», annonce le site du Temps.
Selon une enquête de l’ONG suisse Public Eye publiée en 2016, l’Egypte «est aujourd’hui la deuxième destination privilégiée des multinationales pharmaceutiques pour mener leurs essais cliniques sur le continent africain, après l’Afrique du Sud. Les sociétés suisses mènent le bal, les géants bâlois Roche et Novartis comptant pour la moitié de tous les tests internationaux en cours en Egypte début 2016, en augmentation par rapport à 2011.»
Pourquoi l'Egypte? Les groupes pharmaceutiques ou leurs sous-traitants y trouvent beaucoup de malades sans ressources, des hôpitaux équipés où mener des essais à moindre coût, et un cadre législatif moins contraignant.
Moins de contraintes éthiques et juridiques
Dans un pays où 14% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour et où la moitié des 90 millions d’habitants n’ont pas d’assurance maladie, se soigner est un luxe. De nombreux Egyptiens voient donc dans ces essais médicamenteux des traitements gratuits. Une réalité confortée par les labos mais aussi par le corps médical égyptien.
Si le consentement éclairé des patients est requis pour mener les essais cliniques, comme l’exigent les règles éthiques internationales, il reste que cette étape est souvent mal encadrée. Les patients ne comprennent pas toujours les risques encourus lors du protocole expérimental, ni ne savent qu'ils peuvent aussi tomber sur un placebo.
Pour Ayman Sabae, spécialiste en santé publique et membre de l'ONG Egyptian Initiative for Personal Rights, «la grande majorité des traitements testés en Egypte sont des traitements pour lutter contre le cancer mais il y a aussi des essais de médicaments pour lutter contre l’hépatite C, maladie endémique dans le pays», ainsi que l’a expliqué GéopolisAfrique. Des pathologies lourdes et coûteuses.
Aubaine ou cadeau empoisonné?
Selon Public Eye, il n’existe pas de loi en Egypte régissant la conduite et la surveillance des essais cliniques et donc, attribuant des responsabilités aux différents acteurs des essais cliniques. Or, depuis l’arrivée au pouvoir du maréchal Sissi en 2014, il n’existe «quasiment aucune possibilité de contestation en cas d’irrégularité» ou d’accident.
Quant à la continuité des soins pour les malades à la fin des essais, elle est souvent défaillante. Selon Le Temps, «les fabricants ne leur garantissent que rarement l’accès aux médicaments une fois l’étude terminée», même si leur état s'améliore durant la phase expérimentale. Et ce, alors même que «sur les 57 essais cliniques internationaux recensés en février 2016 en Egypte, plus de la moitié concern(ait) des traitements contre le cancer».
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