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Israël:rescapés de la Shoah et rabbins contre l'expulsion des réfugiés africains
Les autorités israéliennes comptent expulser près de 40.000 réfugiés africains en situation irrégulière. Depuis l'annonce de cette mesure, beaucoup s'y opposent dans le pays et appellent le Premier ministre Benjamin Netanyahu à y renoncer. Des survivants de l'Holocauste sont montés au créneau et des rabbins se disent prêts à cacher les personnes visées.
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«Nous, qui savons exactement ce que c'est d'être des réfugiés... sans abri et privés d'un Etat qui nous préserve et nous protège de la violence et de la souffrance, ne pouvons comprendre comment un gouvernement juif peut expulser des réfugiés et des demandeurs d'asile», ont plaidé les 36 survivants de l'Holocauste signataires d'une lettre adressée au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu afin qu'il renonce à son programme d'expulsion de réfugiés africains.
Leur appel, publié le 25 janvier 2018 dans les colonnes du quotidien israélien Haaretz, fait écho à la position du Centre des organisations des survivants de l'Holocauste (qui rassemble 55 membres), basée en Israël, et à la mobilisation d'autres acteurs de la société civile. Parmi eux, des médecins, des diplomates, des pilotes de ligne, des universitaires ou encore des rabbins.
Près de 40.000 réfugiés africains dans la ligne de mire des autorités israéliennes
Le gouvernement israélien a annoncé début janvier 2018 qu'il comptait expulser 38.000 Africains en situation irrégulière. «Environ 72% sont Eythréens et 20% sont Soudanais. La grande majorité de ces personnes sont arrivées entre 2006 et 2012. La plupart d'entre elles vivent dans le sud de Tel Aviv», indique Times of Israël. Les migrants, qui n'accepteraient pas de partir, risquent la prison.
Autrement, tous les candidats au départ recevraient 3.500 dollars et ils seraient renvoyés chez eux ou expulsés vers un pays qui accepterait de les accueillir. Les noms de l'Ouganda et du Rwanda ont été avancés, mais ces derniers ont démenti l'information, rapporte The Jerusalem Post. Les personnes concernées ont jusqu'à la fin du mois de mars 2018 pour se décider.
[...] Le #Rwanda n'a aucun accord avec #Israël pour accueillir des migrants africains.
— Amb. Olivier Nduhungirehe (@onduhungirehe) 5 janvier 2018
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Forte mobilisation contre le programme d'expulsion
Depuis l'annonce gouvernementale, les réfugiés africains reçoivent des soutiens de toutes parts au sein de la société israélienne. Un groupe de rabbins, rapporte le quotidien israélien Haaretz, a lancé l'idée de les cacher. The Anne Frank Home Sanctuary movement, initiative portée par l'association de défense des droits humains Rabbis for Human Rights, est inspiré des «villes sanctuaires» américaines (des villes où les immigrés clandestins ne sont pas dénoncés), rapporte Haaretz.
«Anne Frank est la plus célèbre des personnes cachées et elle l'a été pour ne pas être envoyée à la mort. Et nous savons que ces gens (les réfugiés menacés d'expulsion) sont confrontés à une mort possible», a confié Susan Silverman à Haaretz, femme rabbin qui promeut la démarche.
Un réfugié a fait le voyage à travers le désert du Sinaï, en #Egypte, pour rejoindre #Israël en se disant: «Les gens d'#AnneFrank vont me comprendre et me protéger».
A #refugee made the journey through #Egypt's Sinai Desert to cross into #Israel, telling himself that "the people of #AnneFrank will understand & protect me." https://t.co/i6T6s9mXMg
— (((SusanSilverman))) (@RabbaSusan) January 17, 2018
Les femmes, les mineurs et les parents de mineurs ne sont pas concernés par ce programme d'expulsion également décrié par les Nations Unies. Selon Haaretz. L'objectif des autorités israéliennes est de parvenir à expulser «au moins 600 migrants africains par mois (7.200 par an)», et de les remplacer par des travailleurs palestiniens.
Outre la fronde qui monte au sein de la société civile, les professionnels du tourisme s'inquiètent aussi. Les Africains visés travaillent souvent dans les hôtels et des restaurants, à des postes où les Israéliens ne voudront pas les remplacer.
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