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Egypte: une vague de répression s'abat sur la communauté LGBT

La police égyptienne multiplie les arrestations d'homosexuels. Cette traque s'est accélérée depuis que le groupe libanais Mashrou' Leila s'est produit au Caire, le 22 septembre 2017, devant 35.000 personnes dont des jeunes qui ont agité un drapeau arc-en-ciel. Si la loi n'interdit pas l'homosexualité en tant que telle, elle pénalise la «débauche» ou l'«incitation à la débauche».
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le drapeau arc-en-ciel lors du défilé des LGBT à Barcelone le 8 juillet 2017. (PAU BARRENA / AFP)

«Les forces de sécurité égyptiennes se sont livrées à une rafle de dizaines de personnes et ont effectué cinq examens anaux signalant une forte escalade dans les efforts des autorités pour persécuter et intimider les membres de la communauté» LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenre), a dénoncé le 2 octobre 2017 Najia Bounaim, directrice des campagnes Afrique du Nord d'Amnesty International.
 
Pour justifier l'emprisonnement des personnes LGBT, le système judiciaire égyptien s'appuie sur des chefs d'accusation tels que la «débauche» et l'«incitation à la débauche», contournant ainsi la loi qui ne mentionne pas spécifiquement l'interdiction de l'homosexualité. 

«Incitation à la débauche»
Sur 31 arrestations, dix sont en lien direct avec ce concert du Caire. Cinq autres personnes sont recherchées par la police, selon des sources judiciaires et sécuritaires. Le procureur de la Sécurité d'Etat a de plus ordonné, le 2 octobre, l'arrestation de deux jeunes que le parquet a décidé de placer en détention afin de mener une enquête pour «participation à un rassemblement illégal et incitation à la débauche» pour avoir brandi le drapeau LGBT durant le concert de rock alternatif de Mahrou' Leila.


Déjà interdit en Jordanie, ce groupe arabophone, connu pour son soutient à la cause LGBT, est désormais, selon le très conservateur Syndicat des musiciens, persona non grata en Egypte.

Le «discours haineux des médias»
Afficher son soutien à la cause LGBT en agitant le drapeau arc-en-ciel n'est pas sans risque dans ce pays conservateur et religieux où l'homosexualité reste perçue comme une «perversion» et une «déviance». Le Conseil supérieur de régulation des médias l'a même qualifiée de «maladie honteuse».

«Les médias jouent un rôle très important en promouvant un discours haineux et en appelant la police à arrêter les homosexuels», dénonce Dalia Abd el-Hameed, en charge de ces dossiers à l'EIPR. Les autorités «arrêtent de manière aléatoire des personnes qui n'ont rien à voir avec le concert dans le but de les punir pour un acte pacifique tel que brandir un drapeau arc-en-ciel», a-t-elle ajouté.

Un imam de la mosquée d'Al-Azhar a averti dans son prêche du vendredi que la prestigieuse institution sunnite qui «agit contre les groupes extrémistes (...), combattra avec force la dégénérescence et la déviance sexuelles». L'Eglise copte a également rejeté l'homosexualité.

«Il est répugnant de penser que toute cette hystérie a été générée à cause de quelques enfants ayant brandi un bout de tissu qui défend l'amour», a réagi le groupe Mahrou' Leila sur Facebook dénonçant une «chasse aux sorcières».

D'autres affaires illustrant la répression qui s'abat sur la communauté LGBT en Egypte ont par le passé choqué la communauté internationale et mobilisé les ONG. Comme l'arrestation d'une trentaine de personnes dans un hammam gay du Caire, à l’initiative de la journaliste Mona Iraqi, qui avait filmé la descente de police le 7 décembre 2014. Cette affaire avait suscité un tollé général sur les réseaux sociaux. Un autre scandale, en mai 2001, avait déclenché une frénésie médiatique quand 52 hommes soupçonnés d'être homosexuels, avaient été arrêtés dans une discothèque, le Queen Boat. Ce bateau pour touristes était pourtant connu depuis longtemps comme un lieu où se retrouvait la communauté gay égyptienne

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