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Egypte : une campagne sous le hashtag "ça suffit comme ça Sissi" menace le président d’un nouveau printemps

Accusé de corruption par un entrepreneur égyptien en exil et qualifié de son "dictateur préféré" par Donald Trump, le président égyptien est confronté à un véritable soulèvement sur la toile réclamant son départ. 

Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le président égyptien et président de l'Union africaine, Abdel Fattah al-Sissi (à gauche) et le président américain Donald Trump (à droite) lors d'une réunion bilatérale à Biarritz, dans le sud-ouest de la France, le 26 août 2019, le troisième jour du sommet annuel du G7 Sommet.  (NICHOLAS KAMM / AFP)

En dépit d’un étroit contrôle des autorités égyptiennes sur les réseaux sociaux, le hashtag "ça suffit comme ça Sissi" s’est répandu sur la toile comme une traînée de poudre. Il augure la possibilité d'un nouveau mouvement de contestation du type printemps arabe.

"Sissi, tu t'en vas ou on est à nouveau dans la rue"

Avec plus d’un million de reprises en Egypte et dans d’autres pays arabes, moins de 24 heures après son apparition, cette mise en garde adressée au président Abdel Fattah al-Sissi s’est accompagnée d’un véritable déluge de slogans réclamant son départ.

"Sissi tu t'en vas ou on redescend dans la rue", "Sissi attends-moi", "Vas t'en et laisse nous vivre"... une avalanche de tweets et de messages sur Facebook menace désormais le pouvoir égyptien d'une réédition du printemps comme celui qui avait fait tomber l’ancien raïs Hosni Moubarak.

Une caricature représentant le peuple égyptien sous la forme d'une main munie d’un marteau arrachant un clou à l’effigie d’al-Sissi, une profusion de chansons dont celle des opposants historiques Cheikh Imam et Ahmad Fouad Najem, des blagues ou des insultes courent les réseaux pour dire "le dégoût" des gens et leur détermination à renverser le pouvoir en place.

(Nous allons t'extirper) 

(Tu construis tes palais avec notre sueur sur les terres agricoles)

A l’origine de cette mobilisation, la publication de vidéos accusant le président et l’armée de corruption. Mises en ligne par l’entrepreneur en bâtiment Mohamed Ali, qui a travaillé pendant 15 ans avec l’armée, elles révèlent des scandales financiers d’une ampleur non encore prouvée, mais qui a frappé les esprits.

Un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté

Exilé en Espagne, Mohamed Ali est accusé de trahison pour avoir dénoncé la construction d’un hôtel, par une entreprise de l’armée, dans la banlieue du Caire pour la somme astronomique de 110 millions d’euros. L’entrepreneur qui est également acteur cite également la somme de 12 millions d’euros pour la construction d’une résidence d’été du président sur la côte méditerranéenne, près d’Alexandrie.

Dans ses vidéos, Mohamed Ali, dont le père a dû présenter des excuses publiques à la télévision, dévoile également des dépenses faramineuses occasionnées par la femme et l’entourage du président et accuse les entreprises de l’armée de monopole sur les grands projets étatiques. Des projets qui selon lui ne rapportent rien aux caisses de l’Etat, tel que l’élargissement du Canal de Suez, alors que le tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.

La petite phrase de Donald Trump

Outre ces accusations d’enrichissement personnel et de corruption, il existe une autre raison à ce soulèvement qui n’est encore que "virtuel". La petite phrase de Donald Trump prononcée sans doute sous forme de boutade, mais qui n’aura pas échappé à l’opinion publique égyptienne. Dans son édition du 13 septembre 2019, le très sérieux Wall Street Journal a révélé que lors du sommet du G7 à Biarritz, le président américain en attendant de s'entretenir avec son homologue égyptien s’était impatienté en s’interrogeant à haute voix "où est mon dictateur préféré ?"

Si le président Sissi n’a pas eu vent de cette remarque entendue par plusieurs hauts responsables américains et égyptiens présents à ce moment, elle n’a pas échappé aux internautes. Ils appellent à "la chute du dictateur d’Egypte" et la fin du régime militaire.

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