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Crise linguistique au Cameroun : place aux armes

Chaque jour qui passe semble élargir le fossé qui se creuse entre zone anglophone et zone francophone au Cameroun. Désormais, les bombes explosent à Bamenda, la capitale de la région du nord-ouest où l’anglais est majoritairement parlé. Le président Biya, dont le mandat s’achève en 2018, joue gros sur ce dossier.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Manifestation d'indépendantistes au Cameroun. (Journal du Cameroun)

Le 16 septembre 2017, un premier attentat a visé le marché de Bamenda. Une bombe a explosé à bord d’un taxi. Quelques minutes plus tard, un nouvel attentat a frappé le quartier d’Hospital Round About. Une seule des deux bombes installées a explosé. Les engins étaient placés dans les caisses de haut-parleurs. Deux autres bombes de fabrication identique ont été découvertes au Palais des congrès de Bamenda. Par chance, aucune explosion n’a fait de blessés.
 
La contestation semble non seulement prendre de l’ampleur, mais surtout elle change de forme. Désormais, l’action terroriste est affirmée. En l’espace d’une semaine, une demi-dizaine d’engins explosifs ont été soit actionnés, soit neutralisés. Aucune victime  n’est à déplorer. La veille des attentats de Bamenda, une attaque visait une base militaire à Besongabang, dans la région anglophone du Sud-Ouest. Un commando de trois hommes a attaqué le camp, tuant trois soldats et en blessant gravement un autre, avant de prendre la fuite.

Des manifestants bloquent une route dans la ville de Bamenda, capitale de la région anglophone du nord-ouest le 8 décembre 2016. (Photo Reuters)

Depuis l’attaque, indique Cameroonjournal.com, l’armée camerounaise ratisse le secteur. Toutes ces actions ont été revendiquées par Ambazonia Defense Forces (ADF). Elle se définit comme l’armée de l’Ambazonia, cette région sous administration britannique avant l’indépendance, une large bande de terre entre le Nigeria et le Cameroun (lien en Anglais). Une armée qui déclare s’être déployée sur le sud de la région.
 
Cela montre l’échec du président Biya qui pensait calmer les revendications des anglophones en libérant de prison les leaders du mouvement. Depuis novembre 2016, la région de l’Ambazonia proteste contre ce que les habitants considèrent comme une marginalisation. Les avocats, puis les enseignants ont fait grève. Le pouvoir central a répliqué en coupant l’internet et jeté en prison les meneurs. Ceux-ci ont été accusés de terrorisme.
 
Jusqu’à présent, la région anglophone réclamait le retour au fédéralisme des années soixante. Mais désormais, on parle d’indépendance. Surtout, on n’hésite plus à tuer.

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