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Covid-19 : la Tunisie en manque d'oxygène

Les besoins en oxygène ont dépassé les capacités de production de la Tunisie, qui a dû se tourner vers l'Europe, puis vers l'Algérie récemment.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des personnes attendent de recevoir une dose de vaccin anti-Covid-19 à l'hôpital El-Menzah de Tunis, en Tunisie, le 8 avril 2021.  (YASSINE GAIDI / ANADOLU AGENCY)

Sept camions chargés de 140 000 litres d’oxygène sont arrivés d’Algérie dimanche 9 mai, au passage frontalier à Bouchebka de la délégation de Feriana (gouvernorat de Kasserine) pour approvisionner les hôpitaux publics. La Tunisie est en manque d'oxygène. Les besoins quotidiens sont estimés à 170 000 litres alors que la production locale n'arrive pas à satisfaire la demande. Les deux producteurs d'oxygène installés en Tunisie, Air Liquide et Linde Gas, produisent environ 100 000 litres par jour. Trouver les 70 000 litres manquants représente un défi quotidien. Les producteurs ont dû importer de France ou d'Italie depuis octobre. Mais lorsqu'un pic brutal s'est déclaré en février, il a fallu faire plus vite et se fournir auprès de l'Algérie voisine. Des camions se rendent à la frontière, attendant parfois des heures, pour remplir leurs citernes d'oxygène depuis des camions algériens qui ne peuvent entrer en Tunisie en raison des restrictions liées au Covid-19.

Crainte d'une quatrième vague

"La situation épidémique actuelle dans le pays est encore grave et peut s’aggraver davantage et être suivie par une quatrième vague avec l’apparition du variant sud-africain, mais aussi à cause du non-respect des précautions sanitaires préventives par les citoyens et des exigences du protocole sanitaire lors du confinement total", a indiqué le ministre tunisien de la Santé, Faouzi Mehdi, à l'agence TAPBien que réticent à imposer de nouvelles restrictions en pleine crise sociale, le gouvernement a décidé vendredi 7 mai d'imposer un nouveau confinement d'une semaine, du 9 au 16 mai, qui coïncide avec la fin du ramadan, avertissant que le système de santé est au bord de l'écroulement. 

"La situation est très grave. Le nombre de patients dans les hôpitaux a presque doublé en seulement un mois. La consommation (en oxygène) a été multipliée par quatre ou six"

Amen-Allah Messadi, chef du service de réanimation de l'hôpital de Ben Arous

A l'AFP

Sous tension

Les besoins quotidiens pourraient bientôt atteindre 200 000 litres. Signe des difficultés d'approvisionnement : des dizaines de patients du principal hôpital de Sfax, où les réserves d'oxygène baissaient dangereusement, ont été transférés la semaine dernière en urgence, de nuit, vers d'autres hôpitaux.  La Tunisie a enregistré en avril un nouveau pic de contaminations et des dizaines de décès quotidiens. Ce pays de douze millions d'habitants a recensé 319 000 cas, dont plus de 11 000 décès.  Plus de 500 personnes se trouvent actuellement en soins intensifs, un niveau sans précédent, les services de réanimation sont presque saturés et les lits d'oxygénothérapie sont exploités à 80%, selon le ministère de la Santé.

Vaccination au ralenti

La campagne de vaccination lancée mi-mars n'a pas atteint le rythme prévu, ralentie par la difficulté à s'approvisionner en vaccins et perturbée par des dysfonctionnements de la plateforme gouvernementale e-vax. Environ 333 000 personnes ont reçu au moins une dose en deux mois, un niveau insuffisant pour endiguer la propagation des variants plus contagieux. Le manque d'oxygène s'ajoute à l'épuisement du personnel soignant dans un système de santé fragile. "Si nous n'arrivons plus à fournir une oxygénothérapie aux patients, ce sera une tragédie et nous ne pouvons pas en arriver là," alerte Amen-Allah Messadi.

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