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Burundi : des lycéennes en prison pour le gribouillage du portrait du président Nkurunziza

Accusées d'avoir gribouillé dans un manuel scolaire la photo du président Pierre Nkurunziza, trois adolescentes ont été arrêtées et écrouées en attendant leur procès.

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min
Le président burundais Pierre Nkurunziza, le 7 juin 2018 (STR / AFP)

Les élèves, âgées de 15, 16 et 17 ans, sont poursuivies pour "outrage au chef de l'Etat" et risquent jusqu’à cinq ans d'emprisonnement et une amende de 250 euros.

Elles ont été arrêtées le 12 mars 2019, en même temps que quatre autres camarades après la découverte du délit : des gribouillages sur la photo du président Pierre Nkurunziza dans leurs livres d'école.

Cela faisait trois ans qu’aucun responsable n’avait contrôlé ces livres, ce qui n’a pas empêché le directeur d’incriminer les élèves

Un enseignant burundais

à l'AFP

Des affaires de griffonnage 

Alerté très probablement par le directeur du lycée, le procureur de la région s’est aussitôt saisi de l’"affaire". Après une première vérification, quatre élèves, dont un garçon âgé de 13 ans, ont été innocentés et libérés. Trois autres filles ont été, elles, envoyées à la maison d’arrêt pour mineures où elles sont encore sous le choc et terrifiées, selon leurs familles.

Les filles ne mangent pas, tellement elles ont peur

Un père

à Human Rights Watch

Jugé "très sensible", le dossier est transmis au procureur général de la République qui doit statuer. Ce n’est pas la première fois que des mineurs sont poursuivis en justice pour ce genre d'histoires. En 2016, plusieurs élèves avaient été condamnés jusqu'à 20 ans de prison pour "outrage au chef de l'Etat"  et "atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat".

Des centaines d'autres avaient été exclus de leur établissement pour avoir dessiné et griffonné des phrases comme "Dégagez" ou "Non à un troisième mandat", selon l'association Human Rights Watch. Après un tollé international, tous les jeunes détenus avaient finalement été libérés.

Les autorités devraient s'attacher à faire en sorte que les auteurs de violations graves des droits humains rendent des comptes, plutôt que d'emprisonner des écolières pour des griffonnages

Lewis Mudge

Directeur pour l'Afrique centrale de Human Rights Watch

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