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Au Niger, sanctuariser les hippopotames et apaiser les hommes

Face aux massacres d'hippopotames qui se sont multipliés depuis mars 2017 dans l'ouest du pays, les autorités nigériennes ont créé un sanctuaire sur les berges du fleuve Niger pour mettre les pachydermes à l'abri des tueries. Leurs agresseurs, des paysans qui les accusent de commettre des dégâts sur les cultures et le bétail, pourraient trouver dans l'initiative gouvernementale de quoi se rassurer
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
L'hippopotame, littéralement «le cheval du fleuve», est l'un des animaux emblématiques d'Afrique mais aussi le plus dangereux. (Michel & Christine Denis-Huot / Biosphoto)

Espèce protégée depuis 2006, car menacée de disparition, l'hippopotame est régulièrement source de tensions entre le pouvoir nigérien et les populations. Au cours des cinq derniers mois, une trentaine de ces herbivores amphibies, sur les 350 que compte le pays, ont été abattus «illégalement» par des villageois en colère, pour qui la cohabitation avec «l'envahisseur» est inacceptable.

«Nous allons nous-mêmes les diminuer»
Après s'être fait justice elles-mêmes contre un hippopotame «qui avait attaqué un bœuf», une dizaine de personnes, dont des chefs coutumiers, ont été arrêtées début juillet.

«Il faut que l'Etat leur trouve une réserve (...) ou nous-mêmes, nous allons les diminuer», avait prévenu sans ménagement Zariya Issaka, le chef des pêcheurs d'Ayorou, à l'ouest du territoire. 
 
Située sur les berges du Niger, à 200 km de la capitale Niamey, Ayorou fut un temps la perle du tourisme nigérien grâce à sa forte concentration d'hippopotames. Mais les problèmes d'insécurité liés aux groupes armés islamistes ont fait chuter le nombre de visiteurs... pas celui des bêtes.

Une cohabitation parfois fatale, comme le relate une vidéo de la BBC contenue dans le tweet ci-dessous.


Evoquée en 2014 lors d'un forum regroupant autorités et représentants des habitants de la région de Tillabéri (ouest) riche en hippopotames, l'idée d'un sanctuaire a finalement été concrétisée par un décret daté du 20 juillet 2017.

Ce sanctuaire est situé dans des «bourgoutières», autrement dit des plaines inondables où pousse le «bourgou», plante fourragère et composante essentielle de la chaîne alimentaire des hippopotames. 

Un sanctuaire pour l'apaisement
Selon un expert de l'environnement, interrogé par l'AFP, la zone protégée «a une triple mission: préserver les hippopotames, faciliter la recherche scientifique et apaiser les tensions dues à la cohabitation avec les hommes».

Mais attention, prévient-il, «les bourgoutières sont convoitées à la fois par les hippopotames, par les éleveurs, par les agriculteurs et par les pêcheurs». Et d'en appeler à la vigilance de ceux qui auront en charge de faire respecter le décret.

L'hippopotame n'est pas celui que l'on croit
L'hippopotame, malgré son air bonhomme et ses formes rondes, n'est pas l'animal pacifique qu'on imagine. Il peut charger ses deux ou trois tonnes à grande vitesse sur l'autochtone ou le touriste. Quant à ses dents, qui ne lui servent qu'à manger des herbes fraîches, elles sont très tranchantes.

On dit que c'est l'animal de tout le continent africain qui fait le plus de victimes chez les humains. Voici deux vidéos tournées au Botswana qui vous donnent un aperçu de la puissance et de la vivacité de l'hippopotame.

 


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