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Algérie: les «parkingueurs» et «parasoleurs» font la loi sur les plages

Deux métiers improvisés font vivre des cauchemars aux estivants algériens : «parkingueur » et «parasoleur». Après la mort d’un vacancier tué lors d'une rixe avec un «parkingueur», le ras-le-bol est général. Que signifient donc ces néologismes, détestés par la majorité des Algériens?
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Plage de Tipaza en 2003 (HOCINE ZAOURAR / AFP)

C’est le quotidien gouvernemental El Moudjahid qui donne la meilleure définition du mot «parkingueur», gardien auto-proclamé de parking sauvage : «Il suffit de très peu pour s’improviser du jour au lendemain gardien de parking sauvage. Trop peu même, dans la mesure où c’est un poste - et non un métier -, qui n’exige aucun diplôme ni même d’une expérience professionnelle. Une ceinture banane pour faire profil de l’emploi et éventuellement un gros bâton ou une matraque posée à même le sol - pour dissuader les éventuels automobilistes "récalcitrants" -  sont en effet les seuls "outils de travail" requis pour l’exercice de ce "métier" non conventionnel, et donc non enregistré en tant que profession et non sujet aux impositions d’usage». 

Liste funèbre
Tolérés par les autorités, les parkingueurs, sans guillemets, exigent 100 dinars (73 centimes d’euro au taux officiel, 50 sur le marché parallèle), et 200 près de la plage. Les automobilistes récalcitrants voient leur véhicule dégradé et/ou subissent des agressions physiques. Mardi 7 août 2018, un estivant est décédé à l’hôpital de Béjaia suite à des blessures infligées par des parkingueurs avec des barres de fer pour avoir refusé de s’acquitter de 200 dinars. Il est le dernier d’une longue liste.
 
«Le citoyen est livré à lui-même face au diktat des parkingueurs, forcé à s’exécuter malgré la présence, dans les parages, des éléments des services de sécurité, qui n’interviennent pas dans pareil cas, en dehors des descentes organisées. Pour les citoyens, désarmés et abandonnés à leur sort, ce n’est rien d’autre qu’"une non-assistance à personnes en danger"», s’indigne El Watan.
 
«Maffia des parasols»
Comme leurs collègues et comme leur nom l’indique, les «parasoleurs» s’inventent loueurs de parasols et - souvent - de tables et chaises en plastique. En toute illégalité. En juin dernier, un père a été poignardé devant sa famille à Bousfer (Oran) parce qu’il voulait utiliser son propre parasol. «Accompagné de son épouse et de ses enfants, ce dernier s’est installé dans un coin paisible de la plage, avant qu’un jeune, avec un ton menaçant, lui demande de remballer son équipement et de louer une table et un parasol à 1200 DA», explique Algérie-Focus.

Avec un chômage estimé officiellement à 13,2% et une économie en berne, les autorités algériennes ferment les yeux sur les petits métiers improvisés. «C’est ou parkingeur ou voleur, il n’y a pas de travail», tranche un jeune vigile.

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