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Algérie: la répression d’un mouvement de médecins fait une vingtaine de blessés
Sur fond de fièvre sociale montante, un rassemblement de médecins résidents dans un centre hospitalier de la capitale a été violemment réprimé par la police. Bilan: une vingtaine de blessés dont plusieurs dans un état grave. La section algérienne d’Amnesty international a dénoncé une violation de la Constitution qui garantit le droit de manifester.
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Le bras de fer qui oppose depuis le mois d’octobre 2017 le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) au ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui, a pris le 3 janvier 2018 une tournure violente.
Plusieurs centaines de médecins, dentistes et pharmaciens, venus des wilayas de Constantine, Oran, Tizi-Ouzou et Laghouat, s’étaient rassemblés dès 8h le matin dans l’enceinte de l’hôpital universitaire Mustapha Pacha d’Alger pour faire valoir leurs revendications.
«La police est entrée dans l'enceinte de l'hôpital et nous a agressés à coups de matraques»
Les policiers, déployés en nombre pour empêcher le corps médical de sortir manifester dans la rue, sont intervenus violemment faisant de nombreux blessés.
«Nous étions en train de protester à l’intérieur de l’hôpital ce matin. A 10h30, quelques confrères ont tenté de franchir la porte. C’est à ce moment-là que la police est entrée dans l’enceinte hospitalière et nous a agressés à coups de matraques. Résultat: une vingtaine de blessés, dont un grave, et neuf arrestations», a témoigné Mohamed Taileb, un membre du Collectif joint sur place par Jeune Afrique.
Selon le site TSA-Algérie, les policiers ont fait usage de matraques, de pistolets électriques et de canons à eau pour disperser les manifestants. Les membres du Collectif ont affirmé dans un communiqué que «des blessures graves au niveau de la tête et des fractures diverses ont été constatées».
Plusieurs membres du bureau du Camra ont été arrêtés, ligotés et conduits vers des destinations inconnues, rapporte la même source.
Médecins, dentistes et pharmaciens réclament la réforme du service civil
Les médecins résidents, c'est-à-dire ceux qui, ayant terminé leur spécialisation, effectuent un service civil dans un établissement de santé où ils sont affectés par le ministère, avaient baptisé cette journée «le rassemblement de la dignité».
Elle devait permettre à leur mouvement, qui en est à sa dixième semaine, de réaffirmer leur revendication principale: la réforme du service civil.
La durée de ce service varie en fonction de la zone géographique dans laquelle est affecté le médecin. Quatre années dans les grandes villes du nord du pays et de deux à quatre ans dans les régions reculées des Hauts plateaux et du Sud.
«Les médecins résidents ne demandent pas la suppression du service civil mais son aménagement et l’instauration de plus de mesures incitatives. Le logement qui est garanti par les dispositions du service civil n’est, en pratique, que rarement fourni aux nouveaux médecins spécialistes, même ceux affectés aux structures de santé du grand Sud», précise TSA-Algérie.
Les contestataires dénoncent également des conditions de travail «effroyables»: manque de moyens, charge de travail trop importante, insécurité, manque de considération de la part de l’administration. Ils réclament également leur dispense du service national.
Amnesty international et syndicats dénoncent une violation de la Constitution
En 2017, en effet, le ministère de la Défense a dispensé les citoyens algériens nés entre 1985 et 1987 du service national, excluant médecins, dentistes et pharmaciens de cette dispense. Une exclusion qui a scandalisé le corps médical et qui est à l’origine de la fronde.
Un membre du collectif a qualifié cette exclusion de «mesure anticonstitutionnelle», car en contradiction avec le principe d’égalité en droits et en devoirs garantis par la Constitution à tous les citoyens.
Fin décembre, le ministre avait promis de répondre favorablement à leurs doléances, à l’exception du service militaire qui relève des compétences de la Défense. «Nous avons tenu des réunions avec le ministère qui n’ont abouti à rien», a encore indiqué Mohamed Taileb.
Sur sa page Facebook, la section algérienne d’Amnesty international a dénoncé la répression, rappelant que le droit de manifester est garanti par la Constitution. De son côté, le Comité des médecins résidents d’Oran a publié un communiqué dénonçant «des attaques sauvages» contre ses confrères en sit-in à Alger.
Ce mouvement donne aux autorités un avant-goût de la contestation qui prend de l’ampleur dans le pays. La «Tripartite universitaire» qui comprend plusieurs syndicats d’enseignants, d’étudiants et de travailleurs des universités a appelé à une grève nationale ouverte à partir du 14 janvier 2018.
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