Afrique du Sud : un premier procès pour le massacre de Marikana en 2012
Les membres des forces de l'ordre qui ont comparu sont les premiers officiellement poursuivis dans le cadre de ce que la presse appelle le «massacre de Marikana». L’affaire avait déclenché une violente vague d'arrêts de travail dans les mines du pays, faisant une soixantaine de morts.
Alors membre du conseil d'administration du groupe britannique Lonmin, propriétaire de la mine de platine de Marikana, le nouveau président sud-africain Cyril Ramaphosa avait été accusé d'avoir fait pression pour que la police intervienne et mette fin à la grève. Il avait toutefois été blanchi par une commission d'enquête. Le massacre est resté «une épine dans le pied» du chef de l’Etat, commente Jeune Afrique. «Je n’ai jamais voulu tuer ces mineurs», expliquait-il en 2017.
Les neuf policiers déférés devant un juge sont accusés d'avoir participé, quelques jours avant le massacre du 16 août 2012, aux meurtres de trois salariés de la mine, a annoncé la Direction des enquêtes policières indépendantes (IPID), la «police des polices» sud-africaine. Tous ont été placés sous contrôle judiciaire jusqu'à une prochaine audience prévue en juin 2018.
Deux salariés avaient été tués lors de violents affrontements avec les forces de l'ordre. Les victimes ne présentaient «aucune menace» pour la police, a affirmé le procureur. Le corps sans vie d'un troisième mineur avait été découvert dans un véhicule de police. Deux policiers avaient également été tués.
«Opérations mal préparées et mal commandées»
Une commission d'enquête officielle a attribué en 2015 aux forces de l’ordre l'essentiel de la responsabilité du massacre en raison d’«opérations mal préparées et mal commandées». La directrice de la police, Riah Phiyega, première femme à occuper ce poste, avait, dans la foulée, été suspendue par le président sud-africain d’alors, Jacob Zuma. Pour autant, aucun autre responsable des forces de l'ordre n'a encore été jugé.
Le gouvernement s'est dit prêt à indemniser les familles des victimes. Mais plus de cinq ans après les faits, aucune d'entre elles n'a encore touché le moindre argent. En février, Cyril Ramaphosa avait indiqué vouloir «panser les plaies» ouvertes par ce massacre.
«La comparution d'aujourd'hui constitue un pas positif qui va permettre aux victimes de Marikana et à leurs familles de tourner la page», s'est réjouie la responsable d'Amnesty International pour l'Afrique du Sud, Shenilla Mohamed. «Nous espérons que la justice va accélérer (la procédure de jugement) pour mettre enfin un terme à presque six années de douleurs», a-t-elle ajouté.
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