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Afrique du Sud: le groupe audiovisuel public SABC dans une très mauvaise passe

Pour réduire ses coûts, le groupe audiovisuel public sud-africain SABC (South African Braodcasting Corporation), dans la tourmente depuis plusieurs années, envisage de licencier près de 1000 personnes, selon un document interne obtenu le 30 octobre 2018. Soit environ un tiers de ses effectifs.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le logo de la télévision publique sud-africaine SABC ( South African Broadcasting Corporation) (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Dans cette note, la South African Broadcasting Corporation (SABC) a informé ses salariés de son intention de supprimer des emplois à tous les niveaux et dans tous les services. Objectif : économiser 440 millions de rands (26 millions d'euros) par an.

La SABC possède trois chaînes de télévision et 18 radios qui diffusent dans les 11 langues du pays.

Le groupe public explique qu'il se trouve dans une «très mauvaise passe financière» et n'a pas obtenu de crédits de rallonge de la part du gouvernement ou des banques. Entre avril 2017 et mars 2018, il a perdu 37 millions d'euros, après une perte record de 60 millions d'euros en 2017. A moins que des «mesures drastiques soient prises», l'entreprise qui est en «sureffectif» avec quelque 3370 employés et 2400 journalistes freelance, ne sera plus viable, selon la note interne.

«Si les licenciements sont nécessaires, il est envisagé que 981 employés puissent être licenciés», ajoute le document. En clair, il s’agira de mettre en œuvre un plan social pour les licencier. Lequel visera également à corriger «plusieurs exemples de promotions et augmentations illégales et irrégulières accordées à des employés», ajoute le document interne.

L'ancien président sud-africain Jacob Zuma lors d'une intervention à la SABC le 14 février 2018 (WIKUS DE WET / AFP)

Corruption et censure
La direction de la SABC a été minée par plusieurs scandales de corruption pendant la présidence de Jacob Zuma (2009-2018), contraint de démissionner en février en raison de nombreuses affaires. Au cours des dernières années, le Parlement a dissout son conseil d'administration à plusieurs reprises.

«C'est inquiétant qu'un nombre aussi important d'emplois soient visés. Ce n'est pas un processus bien pensé», a réagi Hannes du Buisson, président du syndicat des médias Bemawu. «Ce sont les interférences politiques dans le contenu éditorial de la SABC qui ont causé l'effondrement» du groupe, a-t-il estimé.

Sous l'ère Zuma, la SABC a été soupçonnée de rouler pour le pouvoir, au point d'être accusée de censure.  Plusieurs journalistes du groupe ont été victimes de mesures disciplinaires après avoir critiqué les choix éditoriaux de la SABC. D’autres ont été suspendus : ils avaient passé outre les ordres de ne pas couvrir les manifestations violentes contre les services publics.

Le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), a appelé de son côté à un audit indépendant. A ses yeux, le plan social est «incohérent et illogique».

L'annonce de ces licenciements coïncide avec la publication des nouveaux chiffres du chômage : entre le deuxième et le troisième trimestre 2018, le nombre de sans-emplois est passé de 27,2 à 27,5%.

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