Afrikimages : "Non, l'Afrique n'est pas que le continent des enfants aux ventres ballonnés"
Des photographes africains s'associent pour raconter le quotidien d'un continent "dynamique". Une Afrique aux mille facettes, à l'opposé de l'image négative qui lui colle à la peau.
Ils en ont assez des clichés présentant une Afrique misérable, peuplée d’enfants aux ventres ballonnés, un continent déchiré par la faim et par des guerres interminables. Non, l’Afrique, ce n’est pas que cela, explique à franceinfo Afrique, le photographe gabonais Désirey Minkoh. Il est le fondateur d’Afrikimages, une agence panafricaine qui regroupe une quinzaine de photographes africains.
"Nous voulons raconter le quotidien du continent africain en tant que photographes africains. Je ne crois pas qu’il y ait quelqu’un d’autre mieux placé que nous pour le faire. Nous sommes sur le terrain en permanence. Nous sommes opérationnels 24 heures sur 24", explique le fondateur d’Afrikimages.
Combler un vide
Désirey Minkoh sait de quoi il parle. Il a dirigé pendant plusieurs années le service photo du quotidien national gabonais L’Union avant de travailler pour l’Agence France Presse comme correspondant en Afrique centrale et occidentale. Des années de collaboration pendant lesquelles il a mûri son projet. Il a très vite réalisé la difficulté, pour les envoyés spéciaux des grandes agences, d’appréhender les réalités très complexes du continent africain.
Les envoyés spéciaux viennent pour quelques jours. Ils doivent rentabiliser leur séjour. Il est très difficile pour eux de s'intéresser à la vie quotidienne des gens
Désirey Minkoh, fondateur de l'agence Afrikimagesà franceinfo Afrique
Des reportages authentiques auprès des gens
Afrikimages Agency, c’est la plateforme sur laquelle Désirey Minkoh et ses camarades proposent à leurs clients, des photos du continent africain dans toute sa diversité. On peut s’abonner ou acheter en ligne des éléments choisis dans une banque de 50 000 images déjà disponibles.
Ce sont des photos prêtes à être publiées autour d’événements politiques, économiques, culturels et scientifiques. Et des reportages authentiques sur la vie quotidienne des gens vivant loin des centres urbains. Là-bas, on y trouve aussi la joie de vivre, contrairement aux idées reçues, témoigne Désirey Minkoh.
"J’ai devant mes yeux la photo d’un jeune garçon tout heureux, qui se baigne dans une rivière. Cet enfant vit dans une case d’un village reculé. Son regard est rayonnant. Ce n’est pas parce qu’on vit dans un building qu’on est forcément heureux. Il faut arrêter de penser que le continent africain est une terre de désespoir", plaide Désirey Minkoh.
Aucun partenaire étranger n’a été associé au projet
Le fondateur d’Afrikimages reste modeste. Son agence démarre avec un petit budget. Aucun partenaire étranger n’a été associé au projet. Il n’est donc pas question d’entrer tout de suite en concurrence avec les grandes agences. "Nous n’avons ni les moyens humains, ni les moyens financiers pour le faire", reconnaît-il.
Désirey Minkoh explique à franceinfo Afrique que sa priorité est de travailler avec ses camarades photographes pour faire connaître l’agence Afrikimages et la rendre crédible auprès de la presse internationale notamment. Ils espèrent que leur travail permettra de mieux faire connaître le continent.
Notre défi est de constituer une mémoire photographique de l'Afrique. C'est à nous de mettre en place cette banque d'images qui servira aux générations futures
Désirey Minkoh, fondateur de l'agence Afrikimagesà franceinfo Afrique
Le fondateur d’Afrikimages se souvient avec amertume que pour réaliser deux projets d’exposition consacrés à son pays, il avait été obligé d’acheter plus de la moitié des photos à des agences étrangères. Un problème auquel son agence entend remédier.
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