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Au Sénégal, "le combat continue" contre "le coup d'Etat constitutionnel"

A l'image du chanteur Youssou N'Dour, les opposants au président Wade appellent à une "résistance active" contre sa candidature à un nouveau mandat, validée par le Conseil constitutionnel.

Article rédigé par franceinfo
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Le chanteur Youssou N'Dour lors d'une conférence de presse le 28 janvier 2012 à Dakar (Sénégal). (JULIEN TACK / AFP)

Oui pour Wade, non pour N'Dour. Le Conseil constitutionnel du Sénégal a confirmé lundi 30 janvier la liste des candidats autorisés à se présenter à la présidentielle qui se déroulera à partir du 26 février. Contrairement au chanteur Youssou N'Dour, le président sortant Abdoulaye Wade, 85 ans, pourra concourir à sa propre succession. Ses opposants appellent à une "résistance active" contre cette candidature qualifiée de "coup d'Etat constitutionnel" et appellent à un "rassemblement pacifique" mardi à Dakar.

• Qu'est-ce qui peut arrêter Abdoulaye Wade ?

Au pouvoir depuis douze ans, le président Wade va donc pouvoir se présenter pour la troisième fois à la présidence de la République. La Constitution de 2001 n'autorise pourtant que deux mandats maximum. Mais le Conseil - dont les cinq Sages ont été nommés par Wade - a validé sa candidature, arguant du fait que sa première élection, en 2000, s'est faite sous l'empire d'une Constitution antérieure, ce qui l'exclut du décompte des deux mandats.

Le 26 février prochain, Abdoulaye Wade devrait donc être opposé à 13 autres candidats, dont les anciens Premiers ministres Macky Sall et Idrissa Seck ainsi que l'ex-ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio. Ces candidatures étaient d'ailleurs visées par une demande d'invalidation de la part d'Abdoulaye Wade. 

• Que va devenir Youssou Ndour ?

"Le Sénégal a honte. Le Sénégal est meurtri." Youssou N'Dour est en colère après l'invalidation de sa candidature à la présidentielle et la confirmation de celle d'Abdoulaye Wade. "52 ans de construction démocratique viennent d'être balayés, s'est désolé le chanteur lundi matin sur RFI. Nous avons été trahis par cette décision honteuse. J'ai bien dit honteuse..."

Youssou N'Dour, qui présentait sa candidature pour la première fois, est exclu car il n'aurait pas présenté un nombre suffisant de signatures de soutien valides. Selon le Conseil, il "a produit une liste de 12 936 électeurs appuyant sa candidature, dont seulement 8 911 ont pu être identifiés et leurs signatures validées", alors qu'il en faut 10 000 au minimum.

Le chanteur compte désormais sur une mobilisation de l'opinion. "J'appelle toutes les forces vives de ce pays, nos frères africains, la communauté internationale a exprimer son désaccord face à ce coup d'Etat institutionnel et constitutionnel, a lancé Youssou N'Dour. Le combat continue parce que dieu est avec les justes."

• Le Sénégal est-il "en péril" ?

Après les graves violences qui se sont produites dans la nuit de vendredi à samedi, causant la mort d'un policier, le calme est revenu à Dakar et en province dimanche. Mais des manifestations devraient avoir lieu à partir de mardi, à l'initiative notamment du Mouvement du 23 juin qui a appelé à "la résistance". Arrêté samedi, le coordinateur de ce mouvement était toujours entendu dimanche soir par la police à Dakar. Quant au rappeur Thiat, du mouvement de jeunes Y'en a marre, il a affirmé : "Nous passons aux actes". Dirigeants et militants du mouvement se disent "prêts à tous les sacrifices".

Le secrétaire d'Etat adjoint américain William Burns a affirmé lundi que "la décision du président Wade de solliciter un troisième mandat (...) pourrait mettre en péril la démocratie, le développement démocratique et la stabilité politique" du Sénégal. Paris regrette pour sa part que "toutes les sensibilités" ne soient pas représentées lors de l'élection.

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