Cet article date de plus de trois ans.

Soldats au Mozambique et en Centrafrique, soutien possible à la RDC, le Rwanda sur tous les fronts

Un nouveau contingent de casques bleus rwandais s’installe en Centrafrique. Au Mozambique, Kigali appuie l’armée nationale dans la sécurisation du Cabo Delgado. Paul Kagame n’exclut pas non plus de soutenir la RDC au Kivu et en Ituri.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le président rwandais Paul Kagame prononce un discours lors de la visite officielle de son homologue centrafricain Faustin-Archange Touadéra, le 5 août à Kigali au Rwanda. (HABIMANA THIERRY / ANADOLU AGENCY)

300 casques bleus rwandais sont arrivés en renfort en Centrafrique, notamment pour sécuriser l’axe routier reliant Bangui au Cameroun. Un axe, vital pour le ravitaillement de la capitale, qui avait été coupé au plus fort de l’offensive des rebelles en décembre 2020. Des centaines de camions s’étaient retrouvés bloqués.

"Le reste du bataillon qui compte 450 soldats arrivera d'ici à la fin de l'année", a déclaré à l'AFP Abdoulaziz Fall, porte-parole de la force de la Minusca. Le Rwanda est ainsi le premier pays contributeur à la force de paix des Nations unies en Centrafrique.

"Main dans la main avec la Centrafrique"

Le Rwanda s’implique ainsi un peu plus dans le devenir de la République centrafricaine, et de son actuel président Faustin-Archange Touadéra. Kigali était déjà aux côtés de ce président dans sa lutte contre les rebelles. Des soldats rwandais sont intervenus début 2021 pour officiellement soutenir les casques bleus menacés par les rebelles. Faustin-Archange Touadéra a d’ailleurs été reçu en grandes pompes le 5 août à Kigali, et les deux pays ont signé quatre protocoles d’accords bilatéraux. Paul Kagame rappelait à cette occasion que "le Rwanda est très heureux de marcher main dans la main avec la Centrafrique, dans un objectif de paix, de réconciliation et de prospérité".

Dans ce contexte, Kigali n’a pas d’états d’âmes à participer à une force internationale pourtant très critiquée localement. "On nous a demandé de fournir plus de troupes sous la bannière des Nations unies. Nous sommes toujours prêts à le faire parce que nous en avons les moyens et parce qu’on nous l’a demandé" a précisé Paul Kagame.

Mission au Mozambique

Des soldats rwandais sont également présents au Mozambique pour aider l’armée à combattre les jihadistes dans le nord du pays. L’attaque contre Palma dans la province de Cabo Delgado le 24 mars 2021, a provoqué un traumatisme et révélé au grand jour l’incapacité de l’armée nationale à assurer la sécurité des habitants de la région. Jusqu'à présent, le président mozambicain Filipe Nyusi se montrait réticent à toute aide étrangère, insistant sur la souveraineté du pays, indépendant depuis 1975. Mais il a fini par céder face à la pression internationale.

Ainsi, la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) regroupant 16 pays a annoncé fin juin l’envoi de troupes pour soutenir le Mozambique. Mais le Rwanda, qui ne fait pas partie de la communauté est lui déjà présent. 1000 hommes ont été déployés dès le 9 juillet.

Selon le porte-parole de l’armée rwandaise, l’opération de soutien aux soldats mozambicains se déroule bien, les succès se multiplient aux dires des militaires rwandais. "Nous progressons bien dans la province de Cabo Degaldo", a-t-il précisé à l’AFP. L’objectif est de reprendre le contrôle du port de Mocimboa da Praia, devenu un fief jihadiste. En chemin, ils ont sécurisé la localité d’Awasse, abandonnée par les jihadistes, tout comme celle de Palma.

Main tendue à Kinshasa

Dans son offensive diplomatique tous azimuts, après la normalisation des relations avec la France, Paul Kagame s’est également rapproché de son homologue congolais Félix Tshisekedi. Les deux hommes se sont rencontrés le 25 juin 2021 à Rubavu, au Rwanda. Les relations avec les deux pays ont toujours été difficiles. La République démocratique du Congo a connu deux guerres qui ont déstabilisé la région frontalière du Kivu. Le Rwanda en a largement pris sa part, et depuis, la RDC accuse régulièrement Kigali d’interventionnisme en armant les groupes armés dans le Kivu.

Désormais entre les deux pays on parle de coopération bilatérale, notamment sur l’exploitation de l’or. Et, dans le contexte de l’Etat de siège imposé en Ituri et au Nord-Kivu, Kigali se dit prêt. "Le Rwanda s'engage à consentir d’efforts et cela en collaboration avec la République démocratique du Congo dans le respect de sa souveraineté nationale (...) le Rwanda est prêt à prêter mains fortes à la RDC dans la mesure de nos moyens", a déclaré Kagame.

Bref, Paul Kagame impose son leadership dans cette région d’Afrique centrale, et fait ainsi oublier les choses qui fâchent. Comme cette enquête de l’ONU qui met en lumière le rôle du Rwanda dans les réseaux de contrebande de minéraux congolais. Le pays, quasiment sans mines, est devenu l’un des plus gros exportateurs de coltan au monde.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.