Propos d'Emmanuel Macron sur le Rwanda: "Ça va dans le bon sens mais c'est aussi une politique des petits pas", estime Patrick de Saint-Exupéry

Alors qu'Emmanuel Macron a déclaré ce jeudi que "la France aurait pu arrêter le génocide" au Rwanda, le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, reporter au Rwanda en 1994 juge que ces propos vont dans le bon sens et que "la vérité s'arrache peu à peu".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Emmanuel Macron, le 27 mai 2021, regarde les images des victimes du génocide au Rwanda, exposées lors de sa visite au Mémorial du génocide de Kigali, où sont enterrées quelque 250 000 victimes des massacres. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Alors qu'Emmanuel Macron a déclaré ce jeudi que "la France aurait pu arrêter le génocide" au Rwanda, à l'occasion du 30e anniversaire de ce tragique événement, le journaliste Patrick de Saint-Exupéry reporter au Rwanda pour Le Figaro en 1994, estime que le président de la République "est dans la lignée de ses propos tout en faisant un pas de plus". Emmanuel Macron, qui avait déjà reconnu en 2021 les "responsabilités" de la France dans le génocide, s'exprimera dimanche, date-anniversaire du génocide, par une vidéo qui sera publiée sur ses réseaux sociaux.

"Ça va dans le bon sens mais c'est aussi en même temps une politique des petits pas", commente le journaliste. "30 ans plus tard ce que je constate c'est que nous avons du mal à dire ce qui a été, que loin de tordre le bras aux extrémistes qui commirent le génocide, nous les avons encouragés, armés et soutenus", accuse-t-il. Cette responsabilité de la France dans le génocide des Tutsi avait été établie par la commission d'historiens et de chercheurs dirigée par le professeur Vincent Duclert sur le rôle et l'engagement de la France au Rwanda, a expliqué l'Elysée.

Reconnaître que "des erreurs ont été commises" par Paris

"Peu-à-peu le discours officiel prend en compte la réalité de ce qui a été et c'est tant mieux mais je crois qu'il y a encore des pas à faire. Il est temps que les responsables politiques, militaires en charge à l'époque à l'Elysée et à l'état-major, aient le courage de dire qu'ils se sont trompés", détaille Patrick de Saint-Exupéry.

Selon lui "des erreurs ont été commises au Rwanda, on a le droit de se tromper, on peut se tromper mais ne pas le reconnaître, c'est une faute, c'est impardonnable, c'est inexcusable. C'est une affaire de courage. C'est important pour la France et pour le Rwanda pour que ces gens puissent se réapproprier leur histoire", car "la question qui nous est posée dans le rôle de Paris sur ce génocide est extrêmement importante. Elle est posée depuis 30 ans et on voit les progrès, ils ne sont pas négligeables. La vérité s'arrache peu-à-peu", reconnaît toutefois Patrick de Saint-Exupéry.

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