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Réacteur nucléaire congolais à l’arrêt: un sommeil qui inquiète

L’affaire du réacteur nucléaire de Kinsasha en République Déocratique du Congo fait partie des sujets qui reviennent régulièrement à la une des médias, par la grâce d’une dépêche de l’AFP. Que ce réacteur soit à l’arrêt depuis 1994 et quasi à l’abandon entretient les fantasmes. D’autant que le site a connu par le passé un vol de combustible nucléaire. Retour sur un dossier «serpent de mer».
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une vue, datant de 2007, du centre de recherche nucléaire de Kinshasa protégé par un policier en arme. (LIONEL HEALING / AFP)

«Le fait même que Kinshasa possède un réacteur nucléaire est un pur accident de l’Histoire», écrivait Courrier International en 2011. Le premier réacteur a été installé à l’université de Kinshasa en 1958. C’est le premier réacteur nucléaire d'Afrique. Un geste de reconnaissance de la part des Américains pour la fourniture, par le Congo belge, de l’uranium destiné à fabriquer la bombe d’Hiroshima. Ce réacteur de recherche, d’une faible puissance d’un mégawatt, a été remplacé par un second en 1973. La  crise économique, puis deux guerres, ont imposé sa mise en sommeil en 1994, faute de moyens.

Depuis, l’histoire du réacteur refait régulièrement surface. La dernière fois c’était à l’occasion de l’accident de Fukushima au Japon!, comme le rapporte Jeune Afrique. Dès 2006, le quotidien britannique The Guardian s’inquiétait de la menace. Des clefs manquantes, des trous dans la clôture, un seul cadenas: bienvenue dans le réacteur nucléaire du Congo, titrait «sobrement» le journal.

Vol d'uranium
Le site renferme toujours 98 barres d’uranium stockées dans une piscine. Le danger potentiel que représente un matériel nucléaire quasi à l’abandon ne fait qu’attiser l’intérêt des journalistes. D’autant que dans les années 70, deux barres d’uranium ont été volées. L’une a été retrouvée aux mains de la mafia en 1998, l’autre est toujours dans la nature. Des médias évoquent l’inquiétude de certains gouvernements occidentaux face à la menace terroriste. Le réacteur de Kinshasa pourrait attirer l’attention de personnes à la recherche d’ingrédients pour fabriquer une «sale bombe». La forte instabilité politique de la région ne rassure pas non plus les observateurs.

Risques de glissement de terrain
Les préoccupations évoluent et relancent le dossier. Aujourd’hui, c’est l’érosion de la colline qui abrite le centre de recherche qui inquiète. Des travaux ont été menés pour protéger le centre de tout glissement de terrain. Quant à l’état des installations, «le journaliste de l'AFP ne sera pas autorisé à visiter le réacteur et le dépôt de stockage des déchets fissiles», nous dit la dépêche. Nous n’en saurons pas plus. On nous assure que le site est régulièrement visité par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). D’ailleurs, l’agence aidera à son démantèlement si le pays le demande. Une attitude adoptée par l’AIEA pour tous les réacteurs de recherche dans le monde.

Rêve de réveil 
Mais le démantèlement n’est visiblement pas le souci du pouvoir en place. Affaire de prestige sans doute, et de moyens aussi. Si le site est en sommeil, il faut peu de choses pour le faire redémarrer, prétendent les responsables. «Trois millions de dollars», affirme le professeur Vincent Lukanda, l’actuel patron du centre. Cela, c’est pour un pupitre de commande numérique. Il est probable qu’il faudrait sûrement investir d’avantage pour relancer le réacteur. En 2011 déjà, dans l’article de Courrier International, David Kyd, un responsable de l’AIEA, reconnaissait que le réacteur, vu son âge, était «certainement tout en bas de l’échelle du point de vue de la sécurité».  

L’aventure nucléaire congolaise fait-elle partie du passé? Toujours est-il que le pays maintient une équipe autour de son centre d’étude. Au moins la surveillance est assurée.

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