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Ebola en RDC : l'OMS "prudemment optimiste" sur une fin prochaine de l’épidémie

Pour la première fois depuis 18 mois, la Répubique démocratique du Congo ne compte plus aucun cas d'Ebola après la sortie, le 3 mars 2020, de la dernière patiente du Centre de traitement de Beni. La manière dont a été traitée l'épidémie apporte des leçons pour celle de coronavirus.

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Ces panneaux d'information, installés dans les locaux de la mission de paix de l'ONU en République démocratique du Congo, alertent sur les modes de contamination et la prévention de la maladie Ebola. Photo prise le 5 septembre 2019 dans la ville de Goma (RDC) (KAY NIETFELD / DPA)

Aucun nouveau cas d'Ebola n'a été signalé depuis le 19 février en République démocratique du Congo, mais l'Organisation mondiale de la santé (OMS) doit attendre 42 jours sans nouveau cas pour déclarer officiellement la fin de l'épidémie. La directrice régionale de l'OMS, Dr Matshidiso Moeti, s'est déclarée, sur Twitter, "prudemment optimiste" quant à une fin prochaine de cette épidémie, officiellement déclarée le 1er août 2018.

On a également appris que le dernier patient est sorti le 3 février du Centre de traitement d'Ebola (CTE) de Beni, dernière zone touchée dans l'est de la République démocratique du Congo. Il s'agit d'une femme, Masika Mawasu Semida, qui a remercié les personnels de santé en sortant du CTE.

C'est une très bonne nouvelle… Je me souviens à quel point le monde entier était inquiet pour Ebola et spécialement pour les milliers d'agents de santé qui ont tant sacrifié dans la lutte contre Ebola

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS

Rfi

Avec 2264 victimes, la dixième épidémie d'Ebola enregistrée sur le sol congolais depuis 1976, est la deuxième plus grave de l'Histoire après celle qui a touché l'Afrique de l'Ouest en 2014 (plus de 11 000 morts principalement au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone). En RDC, près de 320 000 personnes ont été vaccinées. L'OMS a fait de cette épidémie une urgence sanitaire de portée internationale en juillet 2019, quand elle menaçait les pays voisins (Rwanda, Ouganda).

Des leçons pour l’épidémie de coronavirus

"Les mesures que nous avons prises pour lutter contre Ebola sont les mêmes que celles que nous avons prises contre le coronavirus, à savoir l'hygiène et le lavage des mains", détaille le professeur congolais Jean-Jacques Muyembe, chef de la riposte anti-Ebola. Avec Ebola, il a fallu aussi surmonter des résistances psychologiques et culturelles : déni de la maladie, refus de la vaccination, de l'hospitalisation des proches, enterrements sécurisés...

"Les épidémies d'Ebola ont permis aux pays
(africains) d'avoir des bases sur lesquelles on s'appuie pour la préparation au Covid-19", affirme le directeur Afrique des programmes d'urgence de l'OMS, Michel Yao, joint par l'AFP à Dakar. Il cite la mise en place de systèmes de détection des cas suspects aux frontières, via une prise de température et l'installation de structures d'isolement et de traitement dans les aéroports.

"Les ministères de la Santé ont maintenant l'obligation d'appliquer le Règlement sanitaire international (RSI, remontant à 2005), c'est-à-dire d'être en mesure de faire remonter précocement les épidémies et les cas, via le ministère, au niveau de l'OMS", a indiqué sur RFI le directeur des Affaires internationales de l'Institut Pasteur, Pierre-Marie Girard. "Avec l'épidémie d'Ebola, on peut partir du principe que les systèmes de santé, les plateformes de coopération et communication, et le suivi des cas se sont développés", confirme Dorian Job, médecin basé à Dakar, responsable de programmes pour MSF au Burkina, Niger, Nigeria et Cameroun. "Il y a une meilleure surveillance, un meilleur suivi et cela va certainement aider", ajoute-t-il.

A ce jour, la RDC n'est officiellement pas touchée par la propagation mondiale du coronavirus. En revanche, le pays a subi une grave épidémie de rougeole avec 6362 décès enregistrés depuis le 1er janvier 2019.

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