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Répression en Libye : déjà près de 200 morts, tirs nourris et affrontements à Tripoli

Six jours de soulèvement populaire contre le régime Kadhafi, et le bilan de la répression sanglante approche les 200 morts, selon l’ONG Human Rights Watch (HRW), la plupart à Benghazi. La contestation a gagné la capitale Tripoli, où des tirs nourris étaient entendus dans la soirée. _ A Benghazi, un corps de l'armée affirme avoir rejoint le camp de la contestation, tout comme le représentant permanent de la Libye auprès de la Ligue arabe.
Article rédigé par franceinfo
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Actualisé dimanche à 22h30 avec affrontements à Tripoli

Bastion de l’opposition au régime Kadhafi, Benghazi, à 1.000 km à l’est de Tripoli, est devenu le théâtre de "massacres", selon l’un des organisateurs des manifestations. "Cela ressemble à une zone de guerre ouverte entre les manifestants et les forces de sécurité", poursuit-il.

Samedi, des manifestants sont partis à l’assaut d’une caserne des forces de sécurité, qui ont ouvert le feu sur la foule. Quelque 90 manifestants auraient été tués au cours de cette seule journée, selon Human Rights Watch (HRW). Et une cinquantaine d'autres ce dimanche.
_ Il y a aussi un très grand nombre de blessés. Selon des sources médicales en Libye, les blessures seraient "caractéristiques" de l'utilisation d'armes lourdes.

Dimanche soir, des membres d'une unité militaire libyenne ont annoncé à des habitants de Benghazi qu'ils avaient fait défection, et "libéré" la ville des forces pro-Kadhafi. Selon plusieurs témoins sur place, 90% des villes libyennes auraient ainsi été "libérées" par l'armée.

Mercenaires africains

D’autres heurts violents auraient éclaté à Musratha, troisième ville de Libye. Selon des témoignages concordants, les forces de l’ordre étaient appuyées par des "mercenaires africains" qui tiraient "sur la foule dans distinction".

La capitale avait jusqu’à présent échappé à la contestation.
_ Mais dimanche soir, des heurts violents ont éclaté dans les faubourgs de la capitale entre des milliers de manifestants et des fidèles à Kadhafi. Des tirs nourris étaient entendus dans les faubourgs de la capitale, la police tentant de disperser les opposants qui se regroupaient.

Au total, HRW estime à près de 200 le nombre de tués depuis le début du soulèvement cette semaine.
_ Le régime maintient un black-out total sur le bilan. Internet et les communications téléphoniques intérieures et internationales sont régulièrement coupés. Aucune photo des opposants ne filtre ailleurs que sur le réseau Facebook.

Paris condamne "l’usage disproportionné de la force"

"Il semble que le leader libyen ait ordonné à ses forces de sécurité de mettre fin à tout prix aux manifestations, et que les Libyens soient en train de payer ce prix de leur vie", dénonce dans un communiqué Amnesty International.
_ Plusieurs pays occidentaux se préparent à évacuer leurs ressortissants tandis que la Turquie a déjà rapatrié environ 250 personnes depuis samedi.

Dans un communiqué, Paris condamne "l’usage disproportionné de la force qui n’est pas acceptable (…) Un dialogue doit s’ouvrir et nous réaffirmons notre attachement à la liberté d’expression et au droit de manifester politiquement", souligne le texte du Quai d’Orsay. Quelque 750 ressortissants français vivent en Libye.

Le fils aîné de Kadhafi à la télé

Le représentant permanent libyen auprès de la Ligue arabe a démissionné de son poste pour "rejoindre la révolution" et protester contre "la répression et la violence contre les manifestants".

De son côté, le colonel Kadhafi n’a toujours pas fait de déclaration officielle depuis le début du mouvement.
_ Dimanche soir, il a envoyé son fils aîné à la télévision libyenne. "Un mouvement séparatiste menace l'unité nationale", a notamment déclaré Seif Al-Islam. "La police a commis des erreurs face aux émeutes", a-t-il reconnu, démentant toutefois que la répression ait fait des centaines de victimes.

Gilles Halais, avec agences

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