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Soudan: Trump met fin à 20 ans de sanctions américaines
L'embargo économique américain, imposé depuis 1997 au Soudan, appartient désormais au passé. Khartoum s'est réjoui de «la décision positive» du président américain Donald Trump. La levée sera effective le 12 octobre 2017.
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L'administration Trump met fin à deux décennies de sanctions économiques contre le Soudan. Elle a entériné le 6 octobre 2017 la levée formelle de l'embargo, poursuivant ainsi une politique de détente vis-à-vis de Khartoum, amorcée par l'ancien président Barack Obama.
«Les actions du gouvernement du Soudan au cours des neuf derniers mois montrent qu'il prend au sérieux la coopération avec les Etats-Unis», s'est félicitée la porte-parole du Département d'Etat, Heather Nauert.
Les autorités soudanaises, elles, ont salué «la décision positive prise par le président américain Donald Trump de lever complètement les sanctions économiques», selon un communiqué du ministère soudanais des Affaires étrangères cité par l'agence officielle Suna.
Continuité
La levée de cet embargo contre le Soudan, qui sera effective le 12 octobre 2017, est l'un des rares dossiers sur lesquels le président Donald Trump a choisi de poursuivre la politique de son prédécesseur.
Quelques jours avant de quitter la Maison-Blanche en janvier 2017, Barack Obama avait levé une partie des sanctions contre le Soudan pour une période probatoire de six mois. A la fin de cette période, en juillet, Donald Trump s'était donné trois mois supplémentaires pour décider de lever ou non de manière permanente cet embargo.
Les Etats-Unis ont imposé des sanctions au Soudan en 1997 pour son soutien présumé à des groupes islamistes. Le fondateur d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden a vécu à Khartoum entre 1992 et 1996. Au fil des années, les administrations américaines ont renforcé ces restrictions, accusant Khartoum de violations des droits de l'Homme, notamment dans le conflit meurtrier contre des rebelles au Darfour qui a fait 330.000 morts depuis 2003, selon l'ONU.
Pour obtenir la fin de l'embargo économique, Khartoum s'était engagé à respecter une feuille de route en «cinq points», parmi lesquels la fin du soutien aux groupes rebelles au Soudan du Sud, la fin des hostilités dans les provinces du Darfour, du Nil-Bleu et du Kordofan-Sud et une coopération avec le renseignement américain contre le terrorisme.
En vertu de cet accord, le Soudan était également tenu d'améliorer l'accès des organisations humanitaires dans le pays et de coopérer davantage à la traque de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony, une milice ougandaise qui s'est rendue coupable d'enlèvements d'enfants et de mutilations de civils à grande échelle.
Les affaires peuvent reprendre
A l'aune de la fin de l'embargo américain, toutes les transactions bancaires internationales avec le Soudan seront désormais possibles. De même, les citoyens américains pourront procéder à des importations et exportations auparavant interdites depuis et vers le Soudan. Des centaines d'usines ont soit complètement fermé ou fonctionnent à peine, l'importation d'équipements et de machines étant très difficile du fait des restrictions sur les transferts internationaux.
De même, les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et le Soudan, tout comme toutes les transactions de citoyens américains liées aux industries pétrolières et pétrochimiques au Soudan sont de nouveau possibles. Enfin, les Américains ne subiront plus autant de restrictions qu'auparavant lorsqu'ils voudront faciliter les transactions entre le Soudan et des pays tiers.
La décision américaine constitue un soulagement pour les populations soudanaises, premières victimes de l'embargo économique américain à cause de l'inflation galopante, qui rend les produits de base inacessibles pour beaucoup de familles, et de la crise économique.
Les commerçants de Khartoum espèrent aussi que leurs affaires vont reprendre. «Notre chiffre d'affaires a dégringolé après la hausse de 45% du prix de la viande par rapport à l'an dernier», expliqueTareq Diab, dirigeant d'une boucherie industrielle dans la capitale.
«Toute normalisation ultérieure des liens (avec le Soudan) devra passer par des progrès continus de la part du gouvernement du Soudan», a néanmoins prévenu Heather Nauer.
Le pays demeure toutefois sur la liste noire américaine des «Etats soutenant le terrorisme». Khartoum fait à ce titre toujours l'objet de certaines sanctions liées au conflit au Darfour (ouest du Soudan), notamment sur les armes, ainsi que de sanctions imposées par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
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