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Soudan: Khartoum appelle les Etats-Unis à revoir «l’avertissement aux voyageurs»

Pression américaine supplémentaire sur Khartoum dans des relations déjà en dents de scie? Les autorités soudanaises ont déploré un nouvel avertissement aux voyageurs publié par les Etats-Unis. Le département d’Etat appelle les citoyens américains à ne pas se rendre au Soudan en invoquant des attaques potentielles de «groupes terroristes» contre des étrangers.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le secrétaire d'Etat adjoint américain, John Sullivan (3e G), rencontre le ministre soudanais des Affaires étrangères Ibrahim Ghandour (4e D) à Khartoum, le 16 novembre 2017. Sullivan est le plus haut gradé de l'administration de Donald Trump à se rendre à Khartoum depuis que Washington a levé son embargo le 12 octobre. (Ebrahim Hamid/AFP )

Le nouvel avertissement du département d'Etat a été publié le 2 juillet 2018 sur le site de l'ambassade des Etats-Unis à Khartoum. Il remplace un précédent émis en octobre 2017, quelques jours après la levée par Washington de sanctions commerciales imposées au Soudan depuis 1997.
 
Objectif déclaré des terroristes, nuire aux Occidentaux
«Des groupes terroristes continuent de préparer des attaques au Soudan, en particulier à Khartoum», affirme le nouvel avertissement américain. «Les terroristes peuvent attaquer sans prévenir des installations gouvernementales locales et étrangères, ainsi que des lieux fréquentés par des Occidentaux», prévient encore le document.
 
Le département d’Etat craint en effet des opérations suicides, des attentats à la bombe, des fusillades et des enlèvements de la part de groupes ayant pour objectif déclaré de «nuire aux Occidentaux et aux intérêts occidentaux» dans le pays.
 
Il appelle également les citoyens américains à éviter les trois zones de conflit du pays: le Darfour, l’Etat du Nil Bleu et l’Etat du Kordofan Sud, et à ne pas se rendre dans les Etats de Kassala et du Kordofan Nord, soumis à l'état d'urgence depuis l'an dernier.
 
«Des détentions arbitraires, notamment d'étrangers, ont été signalées à travers le pays», affirme l'avertissement américain, ajoutant que le gouvernement avait des capacités limitées pour dispenser des services d'urgence à ses ressortissants au Soudan.
 
L’ambassade des Etats-Unis demande même au personnel du gouvernement américain d’utiliser des véhicules blindés pour ses déplacements officiels.
 
Le Soudan «déplore» le nouvel avertissement américain
De son côté, le ministère soudanais des Affaires étrangères a réagi tard dans la soirée du 3 juillet. Il a dit «déplorer» l’avertissement américain, intervenu alors que les Nations Unies, l'Union africaine, l'Union européenne et la Ligue arabe soulignent globalement «un climat politique positif ainsi qu'en matière de sécurité» au Soudan.
 
«Ce climat positif a permis que des délégations de l'ambassade américaine à Khartoum puissent se déplacer librement à travers tous les Etats du Darfour», relève le communiqué des Affaires étrangères soudanaises.
 
Il déplore que «l'avertissement ignore la réalité sur le terrain au Darfour, au Nil Bleu et au Kordofan Sud et contredit les récents rapports de l'ONU et de sa mission au Darfour».
 
Appelant Washington à revoir son avertissement, Khartoum réaffirme son engagement dans la lutte contre le «terrorisme» en collaboration avec ses partenaires pour améliorer la sécurité dans la région.
 
Washington a levé en octobre 2017 son embargo commercial imposé à Khartoum, vieux de plusieurs décennies, mais a maintenu le Soudan sur sa liste des «Etats soutenant le terrorisme», qui inclut notamment la Corée du Nord, la Syrie et l'Iran.
 
Khartoum a déjà cédé sur ses liens avec la Corée du Nord
Le Soudan a pourtant annoncé le 6 juin dernier l’annulation de tous les accords de défense passés avec la Corée du Nord, comme le réclamait Washington pour sortir le pays d’Omar al-Béchir de la liste noire américaine. L’administration Trump avait exigé également auparavant la rupture de tout lien commercial de Khartoum avec ce pays. Ce que les autorités soudanaises affirment avoir fait.
 
Après des décennies de relations diplomatiques tendues, les rapports entre Washington et Khartoum se sont améliorées sous la présidence de Barack Obama, puis avec la levée des sanctions par Donald Trump, l'année dernière.

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