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RDC: machines à voter ou «machines à tricher»? La polémique bat son plein
A moins de deux mois de la présidentielle maintes fois reportée, les Congolais n’ont toujours pas trouvé un consensus sur la question de la machine à voter choisie par la commission électorale indépendante. Fraîchement nommé par le Vatican, le nouvel archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo, appelle la classe politique à prendre ses responsabilités pour éviter un blocage du processus électoral.
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Le nouveau chef de l’église catholique congolaise, Fridolin Ambongo ne cache pas son inquiétude. Il redoute que le processus électoral, laborieusement mis en place, ne butte finalement sur la question de la fameuse machine à voter qui divise la classe politique de son pays.
«La question de la machine à voter risque de bloquer la tenue des élections ou de pousser les différents protagonistes à rejeter les résultats du scrutin. Il faut que la question soit débattue par la majorité, l’opposition et la commission électorale nationale indépendante pour trouver un consensus», a-t il confié à RFI.
La question devrait être abordée par les sept ténors de l’opposition congolaise qui se réunissent cette semaine à Genève. Officiellement, il sera question de désigner un candidat commun à la présidentielle du 23 décembre.
Le front de l’opposition s’est fissuré
Des divergences subsistent, y compris au sein de l’opposition, autour de l’utilisation des machines à voter. Le principal parti de l’opposition (UDPS) a déjà annoncé qu’il prendra part aux prochaines élections avec ou sans ces fameuses machines. Rompant ainsi le front de ceux qui considèrent que l’utilisation de ces machines viole la Constitution.
De quoi rassurer le pouvoir congolais qui estime que la machine à voter reste incontournable pour la bonne tenue du scrutin. Il n’est donc pas question de l’abandonner. Pour le chef de l’église catholique congolaise, il est encore temps de trouver un concensus.
«Je crois qu’on pourrait trouver une solution intermédiaire. Par exemple pour l’élection présidentielle où il n’y a pas beaucoup de candidats, on pourrait utiliser le papier. Et pour les autres élections où il y a trop de candidats, on pourrait utiliser la machine. Mais il faut encore qu’il y ait la volonté politique avec l’intention de trouver un compromis. Le peuple congolais a besoin d’une nouvelle classe politique qui lui ouvre de nouvelles horizons», plaide le nouvel archevêque de Kinshasa.
«Sans machines à voter, pas d’élections»
En octobre dernier, le mouvement citoyen La Lucha qui lutte pour le changement en RDC avait organisé une manifestation à Kinshasa pour exiger le retrait des machines à voter baptisées «machines à tricher» par ses détracteurs. Pas moins de 60.000 devraient être déployées sur tout le territoire congolais.
L’opposition congolaise rappelle que ces machines n’ont même pas reçu l’aval de leur constructeur sud-coréen. Dans un communiqué, la commission électorale sud-coréenne a fait savoir qu’elle n’a apporté, ni n’apportera, aucun soutien officiel, ni aucune garantie au projet d’introduire un système de vote par écran tactile pour l’élection présidentielle en RDC.
Elle estime que ce recours fait peser un risque sécuritaire trop important alors que les tensions sont déjà grandes en RDC. Des accusations balayées par la commission électorale congolaise.
«Ce n’est pas une machine à tricher, mais une machine à simplifier et à réduire le coût», soutient la CENI. Son président, Corneille Manga, a même mis en garde ses compatriotes: «Sans machines à voter, il n’y aura pas d’élections le 23 décembre», a-t il prévenu.
Reportées à deux reprises depuis 2016, les élections du 23 décembre doivent permettre de choisir le prochain président de la RDC et les parlementaires au niveau national et provincial.
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