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RDC: «L’heure est arrivée d’appeler le peuple à se soulever», annonce la Lucha

«Nous n’avons pas peur, ni de la répression, ni de la prison.» Le Mouvement de jeunesse citoyen congolais Lucha annonce un nouveau bras de fer avec le pouvoir. Il veut le contraindre à organiser la présidentielle avant fin 2017. Géopolis s'est entretenu avec Luc Nkulula, membre de ce mouvement. Il explique où en sont les préparatifs des manifestations prévues le 31 juillet dans tout le pays.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des militants de la Lucha manifestent contre le report sine die des élections le 21 décembre 2016 à Goma. (Photo AFP/J.C Wnga/Anadou Agency)

Luc Nkulula est venu à Paris pour tirer la sonnette d’alarme. Alors que le président de la commission électorale nationale congolaise a déjà annoncé le report des élections censées se tenir avant la fin de cette année, son mouvement a décidé de dire stop.
 
«L’heure est arrivée d’appeler le peuple à se soulever. Le peuple congolais doit se mettre debout pour changer le cours de l’histoire. Nous avons déjà eu l’expérience avec l’ancien président Mobutu qui a usé de toutes les ruses possibles pour se maintenir au pouvoir pendant 32 ans. L’histoire se répète. On ne peut pas l’accepter. Les Congolais doivent se réveiller et réclamer la tenue des élections», explique-t-il à Géopolis
 

Luc Nkulula est militant du mouvement de jeunesse congolais Lucha (acronyme de Lutte pour le changement). Il a été plusieurs fois la cible des autorités congolaises en raison de ses activités militantes.
«L'opposition s'est complètement disqualifée"
La campagne de mobilisation de la population est dores et déjà lancée. Les manifestations populaires commenceront le 31 juillet dans les grandes villes de la RDC. Luc Nkulula précise que plusieurs mouvements-citoyens vont coordonner leurs actions au sein d’une plateforme baptisée Coalition des actions de la société civile.
 
«Nous sommes prêts. Nous avons prouvé à plusieurs reprises que nous n’avons pas peur de la prison. Nous n’avons pas peur de la répression. Nous défendons une cause noble. Nous défendons la république et les intérêts du peuple qui continue de vivre dans la précarité. L’insécurité règne dans le pays. Dans les provinces du  Kivu et au Kassaï. Les groupes armés disent que le gouvernement de Kabila n’est plus légitime et qu’ils doivent le mettre hors d’état de nuire.»
 
A Kinshasa, l’opposition a déjà condamné le report des élections, qualifiant cette annonce de provocation. Elle y voit une manœuvre destinée à aider Joseph Kabila à se maintenir au pouvoir. Le parti de l’opposant historique Etienne Tshisekedi (UDPS) a même menacé: «Nous n’allons pas nous laisser faire», a déclaré son porte parole.
 
Luc Nkulula n’y croit pas du tout. Il estime que l’opposition s’est complètement disqualifiée depuis qu’elle est allée négocier des postes de ministres avec le pouvoir de Joseph Kabila.
 
«Il ne s’agit pas seulement de proclamer que Kabila doit partir. Ils doivent nous dire comment ils vont rétablir la paix, comment ils vont créer des emplois, comment ils vont rendre justice aux Congolais. Comment ils vont payer les agents de l’Etat. Toutes ces vraies questions que se posent les Congolais».
 
Luc Nkulula estime que la société civile a désormais un rôle crucial à jouer dans cette crise interminable que traverse son pays.
 
«Elle doit être exigeante vis-à-vis du gouvernement et elle doit s’impliquer dans la politique. Parce qu’on ne peut pas dissocier la politique de la vie quotidienne de la population. Parce que la politique c’est quoi? C’est la construction des routes dont nous avons besoin, c’est la construction d’écoles. Ce sont les problèmes d’emploi ou de sécurité qui sont des questions existentielles de la société.»  

Un homme qui a pris le pouvoir en otage 
Le Mouvement citoyen Lucha (acronyme de Lutte pour le changement) compte sur la solidarité internationale pour faire plier le pouvoir de Kinshasa. Il affirme que les Congolais en ont assez d’un homme qui a pris le pouvoir en otage.
 
«Qu’il le veuille ou non, Joseph Kabila doit quitter le pouvoir à la fin de cette année. A partir de décembre, nous considérerons qu’il est en train d’expédier les affaires courantes. Il devra démissionner.» 
 
Âgé de 46 ans, Joseph Kabila est au pouvoir depuis 2001 et ne peut plus se représenter au terme de son second mandat échu le 29 décembre 2016. Il se maintient en vertu d’une décision controversée de la cour constitutionnelle, entérinée par un accord avec l’opposition qui a mis en place un gouvernement de transition en attendant la tenue des élections avant fin de 2017.
 
Avec l’annonce de ces nouvelles manifestations du 31 juillet conduites par la Lucha, c’est le retour à la case départ. Des manifestations, majoritairement interdites, qui ont souvent été réprimées par les forces de l’ordre, entraînant la mort de dizaines de personnes.

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