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RDC: les «katumbistes» attendent le retour de leur héros, Moïse Katumbi

A Lubumbashi, en République démocratique du Congo, quand joue l'équipe de football «le Tout-Puissant Mazembe», on peut entendre Serge Iweza, le secrétaire général du club, et ses 150 «disciples» des «100%», un groupe d’ultras, chanter des hymnes à la gloire de Moïse Katumbi, le président du club. Candidat à l'élection présidentielle de décembre 2018, ce dernier est en exil depuis deux ans.
Article rédigé par franceinfo Afrique
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Les supporters du TP Mazembe  (STRINGER / AFP)

Moïse Katumbi a été condamné à 36 mois de prison en juin 2016, dans une affaire immobilière. Déjà poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat car accusé d’avoir recruté des mercenaires, il n’a jamais pu depuis retourner en RDC. Principal opposant au président Joseph Kabila, qui ne peut pas se représenter après deux mandats aux termes de la Constitution, il est en exil en Europe.
  
Pourtant, en janvier 2017, Chantal Ramazani Wazuri, l’ex-présidente du Tribunal de paix de Lubumbashi, contrainte de fuir la RDC, s’est confiée à Afrik.com: «J’ai signé le jugement de condamnation sous la menace, nous avons violé la loi pour condamner Moïse Katumbi.»
 
Il reste que cette condamnation bloque le retour de Katumbi à un mois du dépôt des candidatures. «S'il revient, il sera entre les mains de la justice», a affirmé le ministre congolais des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu.

Affiche de campagne à Lubumbashi la capitale du Katanga  (SAMIR TOUNSI / AFP)

Les «100%» ne désespèrent pas
«Vous avez voulu tuer Moïse. Mais Dieu vous a confondus. Nous sommes derrière lui jusqu'à la mort», chantent les membres du «100%». Dévoués corps et âme à Katumbi, ces fanatiques suivent leur équipe partout dans le monde. «Moïse, c’est notre père», lance en swahili Robot, la mascotte du groupe. «On se battra pour lui. Je l’ai accompagné au tribunal. On m’a mis quatre jours au cachot pour ça!», raconte-t-il à Jeune Afrique.
 
Alors que dans la plupart des stades du monde, les supporteurs – même les ultras – paient pour encourager leur équipe, à Lubumbashi, ce sont les fidèles du «100%» qui reçoivent un salaire pour chanter à la gloire de Moïse. De plus, précise Serge Iweza, «nous ne serons jamais ingrats. Nos familles vivent dans de bonnes conditions grâce à lui». Il affirme même avoir refusé l'offre d'un parti pro-Kabila.
 
Mais comme le précise Mediapart, les déboires s’accumulent pour Moïse Katumbi. Déjà harcelé par la justice congolaise, l’opposant vient d’être brièvement interpellé en Belgique pour avoir «falsifié» son passeport. Un nouveau coup dur pour ce candidat à la présidentielle, qui accuse Kinshasa de vouloir l’empêcher de rentrer au Congo.

Devant le siège du Parti national pour la démocratie et le développement (PND)  (SAMIR TOUNSI / AFP)

Ses partisans réunis au sein de la coalition Ensemble affirment qu'ils ne peuvent pas faire campagne au Katanga. «Cela fait deux ans que le siège de mon parti Unafec est sous scellé», dénonce Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, figure historique du Katanga et du Congo. Le portrait de Katumbi, qui ornait la porte d'entrée du siège d'un autre parti de la coalition, le PND, a été incendié début juin.
 
Auparavant, Moïse Katumbi et Joseph Kabila étaient alliés. Mais aujourd’hui, l’ancien gouverneur du Katanga et le président, deux fils du Katanga minier, coffre-fort des ressources géologiques du pays et province la plus riche du pays, se livrent une bataille d'influence. Le Katanga, une province grande comme l'Espagne, a été démembré en 2015 en quatre entités, ce qui a largement nourri le divorce des deux hommes.

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