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RDC: «La répression est devenue la norme» dans le pays, accuse Amnesty

Les marches pacifiques anti-Kabila se suivent et se ressemblent à Kinshasa. Elles se terminent toujours dans le sang. Amnesty International s’insurge contre ce qu’elle considère comme un «mépris flagrant pour la vie des citoyens et les droits fondamentaux».
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min

Le 21 janvier 2018, les forces de l’ordre n’ont pas hésité à tirer à balles réelles contre des manifestants brandissant des rameaux, des crucifix, des chapelets et des bibles dans les rues de Kinshasa. La police congolaise a tiré des gaz lacrymogènes dans l’enceinte d’une maternité tenue par des catholiques lors de la dispersion des marches interdites contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila. Bilan, au moins cinq morts et des dizaines de blessés, selon la Mission des Nations Unies au Congo (Monusco).

«La répression est devenue la norme en RDC. Cette répression doit cesser. Les responsables présumés à tous les niveaux doivent rendre des comptes dans le cadre de procès équitables», écrit Amnesty International dans un communiqué qui appelle les autorités congolaises à relâcher immédiatement et sans condition tous les manifestants pacifiques placés en détention.

«La RDC, une prison à ciel ouvert?»
Depuis la marche du 31 décembre 2017, réprimée aussi dans le sang, l’Eglise catholique, à l’initiative de ces rassemblements, a durci le ton contre le régime du président Kabila.

L’archevêque de Kinshasa, le cardinal Monsengwo reproche aux forces de l’ordre responsables de ces répressions meurtrières, d’être plus armées que sur un champ de bataille.

«Comment peut-on tuer des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes et des vieux qui chantent des chants religieux, portent des bibles, des chapelets et des crucifix? Est-ce-que nous vivons dans une prison à ciel ouvert?», s’interroge le chef de l’Eglise catholique en RDC.
 

La répression qui a visé les manifestants dans la capitale congolaise n’a pas épargné les observateurs de l’ONU déployés à Kinshasa par la Monusco. Ils ont été «menacés et molestés par les forces de sécurité», a indiqué le porte- parole de la mission des Nations Unies.

L’ONU et les pays occidentaux ont durci le ton envers Kinshasa. Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterez, demande des enquêtes crédibles, alors que le rapport annuel sur les droits de l’Homme en RDC constate une hausse exceptionnelle en 2017 des exécutions arbitraires.

«Les autorités congolaises ont eu systématiquement recours à des actes de harcèlement d’opposants politiques, des journalistes, et des défenseurs des droits de l’Homme dans le but de faire taire les voix perçues comme critiques», indique la note du bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en RDC.

Kinshasa dénonce «un comportement téméraire et incivique»
Les autorités congolaises affirment mener des enquêtes, tout en dénonçant «le comportement téméraire et incivique» d’un groupe de laïcs catholiques, «agissant en complicité» avec certains acteurs de la vie politique contre les intérêts du pays.

Des accusations balayées par le comité laïc de coordination à l’origine des marches anti-Kabila. «Il n’y aura pas de répit pour la dictature», affirment les organisateurs. Le comité demande «au peuple de Dieu» de rester mobilisé pour répondre à son prochain appel.

Les détracteurs du président Kabila attendent de lui qu’il déclare publiquement qu’il ne sera pas candidat à un troisième mandat que lui interdit la Constitution.

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