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RDC: candidature unique, l’heure de vérité a sonné pour l’opposition
Quel est le candidat le mieux placé pour défendre les couleurs de l’opposition à la présidentielle du 23 décembre 2018? A cinq mois du scrutin, les principaux opposants au pouvoir de Joseph Kabila partent en ordre dispersé, mais ils ne cessent de proclamer leur unité. Qui va se désister et s’effacer au profit de qui? La partie est loin d’être gagnée.
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Une chose est sûre, l’opposition compte participer pleinement à la présidentielle du 23 décembre. Il n’est donc pas question de boycotter ce scrutin.
«Nous n’allons pas boycotter les élections parce que nous savons depuis le début que le plan de la majorité, c’est de pousser l’opposition à boycotter les élections», a déclaré à la presse congolaise, Delly Sesanga, un proche de l’opposant en exil et candidat déclaré Moïse Katumbi.
Resserrer les rangs pour imposer l’alternance
Les uns après les autres, les tenors de l’opposition appellent à l’unité et à une candidature unique. L’ancien chef de guerre, Jean-Pierre Bemba, qui vient de se lancer dans la course l’a martelé le 24 juillet au cours d’une conférence de presse à Bruxelles.
«Si nous voulons le changement, il faut un seul candidat au niveau de l’opposition. Je soutiendrai celui qui sera le mieux à même de défendre les couleurs de l’opposition. Je milite pour une candidature unique de l’opposition… mais pas forcément moi», a assuré le chef du Mouvement de Libération du Congo.
C’est aussi le son de cloche de l’opposant Moïse Katumbi qui vient aussi d’annoncer son retour imminent à Kinshasa pour faire enregistrer sa candidature. Ex-proche du président Joseph Kabila et ancien gouverneur de la riche province du Katanga, Moïse Katumbi est passé dans l’opposition en 2015. Il vit en exil depuis mi-2016. Son avocat assure avoir démonté les «farces judiciaires» qui empêchent son retour.
Il a été condamné dans une affaire de spoliation immobilière et poursuivi pour recrutement présumé de mercenaires. La justice lui reproche en outre de détenir la nationalité italienne alors que la nationalité congolaise est exclusive. Lui aussi appelle l’opposition à resserrer les rangs pour imposer l’alternance au sommet de l’Etat.
«Moi et mon frère Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, sommes unis pour une candidature unique de l’opposition à la présidentielle», avait lancé Moïse Katumbi lors d’un meeting de sa plateforme électorale (Ensemble pour le Changement). L’opposant intervenait par vidéoconférence depuis son exil bruxellois.
Qui s’effacera au profit de l’autre ?
Principales têtes d’affiche de l’opposition, Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi s’étaient rencontrés à Washington en mai dernier. La discussion avait porté notamment sur la question d’une candidature unique de l’opposition au scrutin qui s’annonce.
A cinq mois du jour J, les Congolais attendent de savoir qui de Moïse Katumbi, Félix Tshisekedi et Jean-Pierre Bemba s’effacera au profit de l’autre. La partie est loin d’être gagnée, estime l’agence d’information d’Afrique centrale (Adiac).
«L’option d’un candidat unique de l’opposition passe pour une simple vue de l’esprit… dans une opposition plurielle où chacun entend jouer sa partition pour avoir droit de cité dans la configuration politique postélectorale», écrit l’agence qui rappelle que plus d’une fois, l’opposition a expérimenté ce genre d’alliances circonstancielles sans qu’elles puissent résister à l’épreuve du temps.
Le camp de l’opposant Tshisekedi rassure
Alors que le dépôt des candidatures vient de débuter à Kinshasa, le camp de l’opposant Félix Tshisekedi rassure.
«Le début du dépôt des candidatures à la présidentielle ne devrait pas constituer un obstacle. Cela n’empêche pas que l’un se désiste à la place de l’autre suivant le principe de l’union fait la force. C’est l’avenir du Congo qui est en jeu», a déclaré Jacquemin Shabani, président de la commission électorale permanente de l’UDPS.
En attendant un hypothétique accord sur un nom, tous les candidats de l’opposition ont mis en garde le président Joseph Kabila contre toute velléité de briguer, en violation de la Constitution, «un troisième mandat qui plongerait le pays et la région dans le chaos.»
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