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Port de Djibouti nationalisé: la droite américaine voit Pékin à la manœuvre

La redistribution des cartes dans la gestion du port de Djibouti continue de provoquer des réactions. Beaucoup voient dans l’éviction des Emiratis du terminal à conteneurs l’influence de la Chine. C’est en tout cas ce que pensent certains élus du Congrès américain.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min

Djibouti aurait pris le contrôle du port à conteneur de Doraleh pour le donner en cadeau à la Chine. Un représentant républicain au Congrès, Bradley Byrne, va encore plus loin dans une lettre adressée à Jim Mattis, le secrétaire américain à la Défense. Il s‘inquiète de l’impact que la relation Chine-Djibouti pourrait avoir sur les moyens militaires américains présents sur place. Il imagine même que Djibouti pourrait unilatéralement mettre un terme à la présence américaine sur son territoire, de la même manière qu’il a écarté les Emiratis de DP World.
 

Des propos qui trouvent un soutien chez certains militaires. Selon le général du corps des Marines, Thomas Waldhauser, si la Chine imposait des restrictions sur l’usage du port de Djibouti, cela aurait des conséquences sur le ravitaillement de la base américaine du camp Lemonnier. Cela pourrait aussi impacter les capacités de ravitaillement de la flotte américaine, selon le général.
 
Thomas Wadhauser parle d’une stratégie chinoise à la recherche de points d’ancrage sur la côte Est de l’Afrique. «Djibouti est le premier, mais pas le dernier.» Rappelons en effet que Djibouti a autorisé Pékin à installer une base navale. Chinois, Américains et Français se bousculent à l’entrée de la mer Rouge.
 
Réactions chinoises
Ces supputations américaines ont valu une mise au point très ferme de la part du porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang. D’une part, la Chine ne sait rien de la gestion du port de Djibouti, a-t-il affirmé. Il a ensuite souhaité que les Etats-Unis accueillent avec plus d’objectivité et de bienveillance, la politique de coopération de la Chine vis-à-vis de l’Afrique.


En visite le 9 mars à Djibouti, Rex Tillerson, le secrétaire d’Etat américain, s’est montré moins inquiet. Il a été beaucoup moins critique quant à l’attitude de Djibouti, rappelant que des liens étroits unissent les deux pays. Il a aussi insisté sur le rôle primordial du port dans l’arrivée de l’aide alimentaire et de sa distribution aux pays voisins. Pas un mot en revanche sur l’attitude soupçonnée de la Chine.
 
Indépendance de Djibouti
De son côté, le pouvoir djiboutien a rappelé quelles étaient ses intentions en éjectant DP World de la gestion du port. «SGTB, entité créée pour prendre en charge les activités de Doraleh Container Terminal, est une entreprise publique dont le seul actionnaire est l’Etat djiboutien. Son objectif primordial consiste à défendre les intérêts souverains de la nation.»
 
Le communiqué de la présidence de la République rappelle au passage «les limites aberrantes imposées à l’activité de DCT par DP World» qui ont conduit à la rupture. «Le projet avait d’ailleurs été conçu pour traiter 1.600.000 conteneurs par an. Mais l’ancien opérateur a voulu le limiter au trafic import-export vers le marché local et à destination de l’Ethiopie, dont le volume cumulé des activités annuelles représente environ 800.000 conteneurs par an.»

Djibouti doit désormais développer le port et mettre fin à tous les soupçons. Il en va de sa crédibilité, élément essentiel pour pouvoir faire du business avec tout le monde.

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