Cet article date de plus de sept ans.

Nigeria: Boko Haram relance l’offensive contre la prospection de pétrole

Une équipe d’exploration pétrolière de la compagnie nationale du Nigeria a été enlevée le 25 juillet 2017 dans le nord-est du pays. Une prise d’otages attribuée à Boko Haram, qui intervient après l’annonce de la reprise des prospections pétrolières par les autorités. Au moment également où le prix du baril progresse, en raison de l’engagement de l’Arabie Saoudite à limiter ses exportations.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Des membres des frorces de sécurité navales nigérianes patrouillant dans le delta du Niger près de Port Harcourt, le 19 avril 2017, à la recherche des raffineries illégales au coeur de la région pétrolière du pays.  (STEFAN HEUNIS/AFP)

Une dizaine de membres d'une équipe d'exploration pétrolière ont été enlevés dans le nord-est du Nigeria lors d'une embuscade attribuée au groupe djihadiste Boko Haram, a annoncé la compagnie pétrolière nationale.
 
Kidnappés autour du village de Jibi après des affrontements avec les agents de sécurité
«Environ 10 employés du service d'étude et de géologie de l'Université de Maiduguri ont été enlevés mardi (25 juillet 2017)», a déclaré à l'AFP Ndu Ughamadu, de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC). Selon lui, la NNPC avait engagé l'équipe pour mener des travaux de recherche sur les activités d'exploration pétrolière qui se déroulent dans le bassin du lac Tchad.
 
«Ils ont été kidnappés autour du village de Jibi dans l'Etat de Borno (Nord-Est) après un affrontement entre les agents de sécurité qui les accompagnaient et de présumés combattants de Boko Haram», a-t-il ajouté.
 
Des efforts ont aussitôt été engagés pour traquer les ravisseurs et lancer une éventuelle opération de sauvetage. Le village de Jibi se trouve dans la région de Magumeri, au nord-ouest de la capitale du Borno, Maiduguri.
        
Le porte-parole de l'Université de Maiduguri, Danjuma Gambo, a confirmé l'enlèvement. «On ne peut pas nier le fait que cet incident a eu lieu, impliquant notre personnel, les travailleurs de la NNPC et les escortes militaires et de la milice civile», a-t-il déclaré. «Notre personnel recruté en tant que consultants faisait partie de l'équipe prise en embuscade», a poursuivi M.Gambo.

L'équipe de prospection travaillait dans la région de Magumeri depuis un mois, selon un autre membre du personnel universitaire. «Il est clair que Boko Haram a étudié leurs mouvements avant de les attaquer», a-t-il estimé sous couvert d'anonymat.

Une prise d'otages consécutive à la relance de la prospection pétrolière 
Premier producteur de brut en Afrique, le Nigeria est le pays le plus durement touché par la crise du pétrole dont il tire 70% de ses revenus. Pour la première fois en 25 ans, le pays est rentré en récession en 2016. Avec une inflation à deux chiffres et une devise nationale, le naira, en chute libre face au dollar.
 
La production de pétrole est concentrée dans le delta du Niger (Sud) depuis sa découverte en quantités commerciales en 1956. Mais les attaques et sabotages répétés de rebelles revendiquant un meilleur partage des ressources ont fait chuter la production de 2,2 mb/j au premier trimestre 2016 à 1,4 mb/j .
 
Elles ont également poussé le gouvernement à prospecter ailleurs. Des explorations ont été lancées sur un territoire allant de l'Etat de Benue (centre) au Nord-Est où sévit Boko Haram.

Le groupe djihadiste, qui mène une insurrection sanglante depuis 2009, utilise les enlèvements comme une arme de guerre dans le conflit. Des milliers de femmes et de filles ont été kidnappées pour être mariées de force ou servir de bombes humaines tandis que les hommes et les garçons ont été forcés à se battre contre l'armée.

Cette nouvelle prise d'otages intervient deux jours après l'annonce d'une relance des prospections par les autorités et au lendemain d'une cloture du cours du pétrole à la hausse. Une progression de 1,55 dollars le brut qui passe à 47,89 le baril.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.