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Mali : après Kidal et Tessalit, les soldats français quittent Tombouctou

La France quitte Tombouctou et le nord du Mali au bout de 9 ans de présence. De plus, Paris réduit ses forces dans la région de 5 000 à 3 000 hommes.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Patrouille française dans les rues de Tombouctou, au Mali, le 5 décembre 2021. Les soldats de Barkhane laissent la ville le 14 décembre 2021 aux forces armées maliennes et à la mission des Nations unies (Minusma). (THOMAS COEX / AFP)

La France réduit ses forces et sa présence dans le nord du Mali. Plus généralement, la force Barkhane se réorganise dans la région et quitte le devant de la scène, laissant plus de place à l'armée malienne ainsi qu'à la force européenne Takuba.

Tombouctou aux mains de l'armée malienne

Le départ de l'armée française de Tombouctou, après Kidal et Tessalit, marque un tournant symbolique : c'est dans cette ville, cité sainte de l'islam inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco, que le président François Hollande a officialisé le début de l'intervention française le 2 février 2013.

Quelques jours après le largage des légionnaires français sur la ville, placée depuis huit mois sous le joug de groupes jihadistes, le président Hollande et son homologue malien de l'époque, Dioncounda Traoré, étaient tout sourire : les armées malienne et française avaient libéré la ville sous les vivats de la population.

Neuf ans plus tard, les forces françaises sont toujours présentes, les jihadistes affiliés à Al-Qaida et à l’Etat Islamique ont pris des coups, mais enracinés dans la population, menacent toujours.

Ne plus être en première ligne

L’évolution du dispositif militaire français annoncée il y a quelques mois par le président Emmanuel Macron se déroule conformément à la feuille de route. Les soldats de l’opération Barkhane ont officiellement rétrocédé le 14 décembre 2021 la dernière des trois bases qu'ils occupaient dans le Nord : après Kidal et Tessalit, le drapeau français a cessé de flotter sur l’emprise de Tombouctou. "On a formé les forces armées maliennes à la protection de l’emprise et au guidage aérien avant qu'ils nous relèvent", explique le capitaine Florian, commandant de l'unité chargée du désengagement de Tombouctou.

Les effectifs français vont nettement décroître au fil des prochains mois. "Nous étions environ 5 000 militaires au Sahel à l'été 2021, nous serons environ 3 000 à l'été 2022", souligne à l'AFP le général Laurent Michon, commandant de l'opération Barkhane. De nouvelles réductions auront lieu d'ici à 2023.

Paris va désormais concentrer sa présence dans la région dite des "Trois frontières" (Mali, Niger, Burkina), une des principales zones d'influence des jihadistes au Sahel. Et la philosophie de l'intervention va changer. Finies les opérations de ratissage de zones à grand renfort d'infanterie, de blindés et d'hélicoptères : les militaires misent sur le partenariat avec les armées locales, afin qu'elles gagnent en autonomie et puissent un jour assumer seules la sécurité de la zone.

Montée en puissance des forces européennes

Fer de lance de cette nouvelle phase, la montée en puissance de la force spéciale européenne Takuba, initiée par Paris pour accompagner les unités maliennes. Une victoire politique pour la France qui est parvenue à fédérer une dizaine de nations européennes pour partager le fardeau au Sahel.

La réorganisation de l'opération française s'opère dans un contexte sécuritaire et politique hautement inflammable, avec l'exaspération croissante de la population subissant les violences jihadistes. Un mécontentement que le général Michon dit comprendre : "Là où Barkhane est au sol, la population est heureuse de la sécurité que nous apportons. Mais certains au Mali et dans d'autres pays ne comprennent pas que les armées françaises n'arrivent pas à pacifier le Sahel. Je les comprends. Mais c'est juste impossible et ce n'est pas notre mission. Nous avons six avions de chasse, six drones et de 3 000 à 5 000 hommes pour une région grande comme l'Europe." Et d'ajouter "Je note aussi une instrumentalisation de ce mécontentement. Je ne dis pas que c'est la raison première mais certains, en Afrique de l'Ouest ou plus loin, ont intérêt à attiser la colère contre l'action militaire française."

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