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Mahmoud Hussein, journaliste d’Al-Jazeera, en prison depuis six mois en Egypte
Victime collatérale de la mise au ban de la chaîne de télévision qatarie, Mahmoud Hussein, égyptien, est emprisonné dans son pays depuis le 24 décembre 2016. Or, pour l’heure, aucune charge n’a été retenue contre lui. Mais désormais, c’est le Qatar lui-même qui est boycotté par certains pays arabes, et Mahmoud Hussein risque de croupir un moment en prison.
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Mahmoud Hussein vient d’achever son 6e mois de détention dans une prison du Caire. La ville dont il est originaire et où il était revenu passer des vacances fin 2016. Sans aucune raison apparente, les autorités égyptiennes l’ont arrêté et jeté en prison le 24 décembre. Il est accusé «d’incitation à la haine et de publication de fausses informations». Car son principal tort, celui qui n’est pas énoncé, est de travailler sur la chaîne Al-Jazeera. D’ailleurs, il revenait du siège, à Doha, lorsqu’il a été arrêté.
Rappelons qu’Al-Jazeera est interdite de séjour sur les bords du Nil depuis 2013. Or, justement, Mahmoud Hussein travaillait au bureau du Caire jusqu’à sa fermeture imposée par le pouvoir égyptien. Car depuis son arrivée au pouvoir en Egypte, le maréchal al-Sissi ne cesse d’accuser Al-Jazeera de soutenir les Frères musulmans. Systématiquement les mêmes accusations sont formulées à l’encontre des journalistes de la chaîne: sédition et diffusion de fausses informations.
Par deux fois dans le passé, des journalistes ont été poursuivis. En août 2015, trois journalistes ont été condamnés à trois ans de prison. Pire, en 2016, trois autres journalistes dont deux d’Al-Jazeera, ont été condamnés à mort par contumace, accusés d’espionnage au profit du…Qatar!
Mourir en prison
Selon sa fille interrogée par Al-Jazeera, Mahmoud Hussein est détenu seul dans sa cellule, dans le noir. Il n’a ni électricité ni cabinet de toilette. «Je ne suis plus tout jeune, a-t-il dit à sa fille, et j’ai peur de finir mes jours ici et que plus personne ne parle de moi.»
Son moral n’est guère brillant, d’autant qu’il ne connaît toujours pas l’acte d’accusation, ce qui gêne le travail des avocats d’Al-Jazeera. L’Egypte, souligne la chaîne de télévision, «est l’un des plus dangereux pays au monde pour les journalistes». Selon le Comité pour la protection des journalistes, il y avait 23 journalistes en prison en 2015.
De plus, le contexte international ne joue pas en la faveur de Mahmoud Hussein. Le Qatar se retrouve accusé par quatre pays de la région, Arabie Saoudite, Emirats, Bahrein et Egypte, de soutenir le terrorisme. Depuis le 5 juin 2017, les relations diplomatiques sont rompues. Parmi les exigences des quatre pays accusateurs, il y a la fermeture d’Al-Jazeera.
Mahmoud Hussein étant interné dans son propre pays, il est plus difficile de faire pression afin d’obtenir sa libération. Selon sa fille, il pense que cette situation ne va guère émouvoir l’opinion internationale. Et même si des associations de défense des journalistes (CPJ, RSF) ont parlé de son emprisonnement, le silence devient pesant au bout de six mois. Et le 22 juin, la justice a prolongé sa détention de 45 jours.
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