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Macron en Tunisie: l’économie, la politique… et le boulanger

Le président français, Emmanuel Macron, s’est rendu le 31 janvier et le 1er février 2018 en Tunisie pour «une visite d’Etat aux allures de marathon», observe «Jeune Afrique». Deux axes ont dominé la visite: le soutien politique de la France au «modèle démocratique tunisien» et une aide économique. Revue de presse.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min

«C'est une étape fondamentale qui se joue ici», a estimé le chef de l'Etat français lors d'une conférence de presse sous les ors du Palais de Carthage. Il a rendu hommage «au travail de transformation profonde» et à la Constitution «exemplaire» dont s'est doté le pays en 2014 à l'issue d'élections libres. «Je le dis très clairement: la réussite de la Tunisie défendant les valeurs qui sont les siennes, démocratiques, de liberté de conscience, d'égalité entre les hommes et les femmes, c'est aussi notre bataille», a-t-il poursuivi aux côtés de son homologue, Béji Caïd Essebsi.

«C’est main dans la main» que les deux présidents «sont entrés au palais de Carthage», a observé Jeune Afrique. «Une manière de manifester une convergence de points de vue avant de prendre la parole. De part et d’autre, les messages sont clairs: la relation entre les deux pays est séculaire.»

La visite, qui a rang de visite d’Etat, est «hautement symbolique et éminemment politique», commente La Presse de Tunisie. Surtout après les manifestations contre la vie chère qui ont alourdi le climat dans le pays. «Elle est la plus importante dans la hiérarchie protocolaire et se veut ''le symbole de l’amitié entre les deux chefs d’Etat et leurs pays respectifs''», ajoute le plus gros quotidien francophone du pays. Une manière d’insister sur la signification particulière, côté tunisien, de ce déplacement.

Notre longue histoire commune nous éclaire. La France est le premier partenaire de la Tunisie. Nous allons faire encore davantage ensemble. pic.twitter.com/1AZPKpo9Tu
Outre l’aspect politique, le voyage a eu un important aspect économique. La France va accorder un prêt de 100 millions d'euros pour la réforme des entreprises publiques tunisiennes et la conversion de 30 millions d'euros de dettes. La dette publique tunisienne envers la France s'élève à environ un milliard d'euros, selon Paris. La Presse revient longuement sur «la France, attraction des jeunes Tunisiens».

De plus, à l’occasion de cette visite, «une délégation d’une vingtaine d’entreprises françaises souhaitant développer et renforcer leur activité en Tunisie», accompagne Emmanuel Macron, constate le site webdo. On trouve ainsi des représentants d’Orange (Stéphane Richard) et Iliad (Xavier Niel).

Déçus ?
Pour autant, La Presse reste réaliste: «La relation entre les deux pays et les deux peuples gagnerait à changer. Ce qui rend important la visite chez nous d’Emmanuel Macron, c’est qu’il semble attentif à la nécessité de ce changement». En regrettant que dans cette relation, «on a souvent l’impression de faire du surplace» avec «déclarations d’intention les plus généreuses», «toasts et salamalecs» et «les mêmes discours (…) repris à la virgule près, à des années d’intervalle»

En France, Libération explique que les Tunisiens sont «déçus par les premiers pas de Macron chez eux». Le journal se contente de dire que «du côté de certains élus (…), on espérait des annonces plus conséquentes».

«Au-delà des mots, les Tunisiens réclament surtout des gestes concrets de la part de l'ancienne puissance coloniale. Ils n'attendent plus grand-chose des promesses de soutien des responsables étrangers et n'y croient qu'à moitié», souligne plus précisément dans l'AFP le politologue Selim Kharrat. «En 2011, on nous avait promis un "plan Marshall" et des aides exceptionnelles qui ne sont jamais venues. Plus récemment, beaucoup de promesses ont été faites dans le cadre du sommet (pour l'investissement) Tunisie 2020, mais on voit que c'est rarement suivi par des faits palpables», selon lui.

Le site Nawaat va plus loin: «Macron à Tunis: derrière le clinquant, une relation en perte de vitesse». Le média évoque notamment «la perte de terrain manifeste des Français en matière de coopération bilatérale et d'aide au développement». «La France se fait damer le pion par d'autres pays. L'Allemagne, en particulier, a su mettre à profit les changements politiques en Tunisie pour gagner du terrain depuis 2011(...).» Une perte d'influence qui «s'illustre également au niveau de l'éducation», en raison des «politiques d'austérité budgétaire». «En matière de migration, sans doute l'aspect qui touche le plus directement les Tunisiens, aucun changement n'est à attendre de la part des Français (...).»

Plus anecdotique, il y a Rhida Khader, qui fait partie de la délégation française. «Les médias tunisiens n’ont d’yeux» que pour ce Franco-Tunisien de 45 ans, «boulanger de l’Elysée», rapporte Le Parisien. «Le pain comme trait d'union entre ses deux patries, de part et d'autre de la Méditerranée»: peut-on trouver plus beau symbole pour exprimer l’amitié entre la Tunisie et la France?

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